De Horseshoe Bay à Peace Arche USA Border (du 27.10.2014 au 5.11.2014 – 737 km – 10.240 km cumulés)


28 octobre 2014.
La nuit fut encore terrible, sur le parking d’une surface commerciale : alors que la pluie tambourinait sur le toit du CC, des rafales de vent le secouaient violemment. Arrivés sous la pluie et dans le noir à Nanaimo sur l’île de Vancouver, nous avons filé vers Parksville pour le bivouac. Un peu plus grande que notre cher Royaume de Belgique, l’île a su préserver des coins sauvages où s’épanouit encore la forêt pluviale.

Rainforest (Gump).
Rainforest (Gump).

Entre deux averses, j’abandonne femme et enfants à l’abri dans le CC (ils ont un avion furtif et un robot en Duplo à finir) et je découvre les Little Qualicum Falls, deux cataractes puissantes cachées dans cette forêt épaisse et humide, revêtue d’épais tapis de mousse verte.

Little Qualicum Falls.
Little Qualicum Falls.

Toujours sous la drache, nous arrivons à Alberini où nous campons sur le parking du Walmart grâce au wifi duquel nous publions un article. Avant d’aller dormir, je relève une tache d’humidité dans un coin de la cloison, et après enquête approfondie, carrément de l’eau qui perle dans le fond de l’armoire au-dessus. Par grand-chose à faire pour le moment, dans le noir et sous la pluie, j’essaye de dormir, mais ça me turlupine.
29 octobre 2014.
Ce matin (un lapin a tué un chasseur – désolé, il fallait vraiment que je l’exorcise) la bonne nouvelle est qu’il ne pleut plus. La mauvaise, c’est qu’après inspection sur l’origine de l’infiltration, je suis bon pour refaire plusieurs joints en silicone à l’extérieur … quand il fera sec assez longtemps. En attendant, je ressors le duct tape qui ne quitte plus le vide-poche de ma portière et avec l’aide de ma Princesse, je fais une belle grosse rustine à trois mètres de haut sur le motorhome, alors que le soleil nous offre quelques timides rayons. Sur un coup de folie (suite à une dépression -atmosphérique – à n’en pas douter) nous nous lançons sur la route qui se transforme ici en vraie route de montagne russe, avec l’édition collector d’Émilie Jolie à fond les manettes pour le plaisir des enfants qui n’apprécient pas encore mes MP3 de Pearl Jam et autre Renaud. Tout à coup c’est fini, la route s’arrête. Terminus tout le monde descend : nous sommes arrivés à Tofino, au bout du bout de la Transcanadienne.

Complètement à l'Ouest.
Complètement à l’ouest.

En fait c’est un petit peu usurpé, le km 0 de la Transcanadienne étant situé à Victoria, mais ce qui est sûr c’est que les VW sont complètement à l’ouest! En effet, avec -125,91 de longitude, nous sommes au point le plus à l’ouest de notre voyage. Tofino est une bien jolie bourgade, paisible, avec une belle plaine de jeux et nichée dans un paysage magnifique, fait d’îles verdoyantes, d’océan pacifique, de nuages et … de pluie.

Tofino.
Tofino.

Par contre pas évident de trouver un endroit pour la nuit. Au culot, nous restons sur le parking pour motorhome, juste devant le panneau « no camping at any time ». On se la joue à la belge : on fait du bivouac, nous, pas du camping.
30 octobre 2014.
Si la nuit fut calme, elle n’en resta pas moins humide, de même qu’au réveil : il tombe des cordes et ça commence à bien faire. Nous repartons aussi sec (ha! ha!) et nous nous arrêtons à Radar Hill, à l’entrée du Pacific Rim NP (il s’agit donc d’un National Park) qui offre un beau point de vue sur l’océan Pacifique et quelques îles disséminées dans la flotte.

It's a long way home.
It’s a long way home.

Je découvre seul et en vitesse le site qui était doté d’un radar pendant la guerre froide et qui commémore à présent le courage du 2ieme bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry durant la guerre de Corée. Ce bataillon entra dans l’Histoire en choisissant d’essuyer les tirs de ses propres alliés afin de mettre les troupes chinoises en déroute. Nous nous arrêtons encore plus loin à Long Beach mais la pluie abondante et les rafales de vent cinglantes nous tiennent reclus dans le CC qui continue d’ailleurs à prendre l’eau, tel un navire en perdition. Nous reprenons la route 1, jusqu’à Duncan. Cette route de montagne ne nous épargne rien : des pentes et des côtes à 18%, des virages en côte dignes du raidillon de Franchorchamp, des falaises abruptes d’où tombent des cailloux ou des cascades qui se déversent à même la chaussée. Les flaques sont tellement énormes qu’elles ressemblent à s’y méprendre à des passages à gués. Nous traversons Cathedral Grove, une forêt primaire dont les arbres sont si grands qu’elle ressemble (soi-disant) à une cathédrale et où l’humidité est telle que la mousse verte et épaisse recouvre sur les troncs et les branches des arbres parmi lesquels le plus ancien a rien moins que 800 ans (à peu près). Nous passons ensuite Tocart Bay sans s’arrêter (pas folle, la guêpe) et nous arrivons à Duncan en fin de journée après avoir parcouru 250 km. Pour la première fois du voyage, mon épouse et mes héritiers n’ont pas mis le nez dehors de la journée : ils sont restés tapis dans les quelques m2 du motorisé. Merci Rox et Rouky.

Et dire qu'il ne pleuvait plus.
Et dire qu’il ne pleuvait plus.
ICC 2033.
ICC 2033.

31 octobre 2014.
Nous tenons à saluer la compétence des services de Météo Canada qui ne s’étaient pas trompés pour ce matin : il pleut. D’ailleurs, c’est carrément une alerte météo sur les pluies abondantes qui est diffusé, non mais sans blague : les sols sont saturés et il y a risque d’inondation. Sur les coups de 10h, la pluie cesse et nous levons le camp, direction le Fort Rodd Hill and Fisgard Lighthouse National Historic Sites. De 1878 à 1956, le Fort Rodd Hill fit partie de la ligne de défense côtière qui protégeait la capitale provinciale, Victoria, ainsi que la base navale d’Esquimalt. Pour cette raison, on peut y découvrir une belle collection de canons répartis en batteries inférieure, supérieure et Belmont, cette dernière accueillant le fameux canon double (deux fois 12 livres) à tir rapide qui, dès 1900, mena la vie dure aux torpilleurs.

Un coup dans l'eau.
Un coup dans l’eau.

Sur le même site se trouve le phare de Fisgard, bâti en 1860 et qui, comme tous les phares, a une allure de phare du bout du monde.

Lighthouse Family.
Lighthouse Family.

1er novembre 2014.
Enfin un peu de soleil. On sèche autant que possible le motorhome et j’ajoute encore quelques rustines, en attendant le vrai temps sec. Nous arrivons à Victoria, la capitale de la Colombie Britannique et qui rappelle aux kets la fille des voisins, que nous saluons au passage. Il s’agit en fait d’une petite ville administrative qui, bien entendu possède son hôtel Fairmont, mais aussi le parlement et les archives provinciaux.

Victoria.
Victoria.

Passionnés par les églises, parce qu’ils sont sages comme des anges sans nul doute, les kets se font ouvrir l’église Notre Seigneur, habituellement fermée au public : la grande prêtresse est tombée sous leur charme.

Fiat lux.
Fiat lux.
Les voies du Seigneurs.
Les voies du Seigneurs.

La ville est également dotée d’un important quartier chinois, le plus ancien du Canada. Nous traversons encore le quartier historique et retrouvons le CC sur le port, à côté des bateaux et des hydravions. Empruntant la route panoramique, nous longeons la côte sud-est de l’île qui fait face aux îles américaines, distantes de quelques kilomètres seulement. Alors que nous faisons une pause sur la King Georges Terrace, un fourgon immatriculé en Suisse s’arrête près de nous.
King George Terrace
Il s’agit d’un couple âgé (ouh là, au moins 50 ans …) qui voyage au long court comme nous. Pendant que je termine mes bricolages, Catherine échange avec eux jusqu’à ce que les kets pètent les plombs et le couple s’en va en nous donnant rendez-vous au Mexique dans quelques mois. Nous levons le camp et arrivons à la marina d’Oak Bay en fin d’après-midi. Qui dit marina dit longue douche chaude, bivouac face à la mer et quelques « wild seals » qui viennent nous saluer autour des bateaux de plaisance.

Wild seals (in the water).
Wild seals (in the water).

2 novembre 2014.
Une bonne nuit comme on les aime, pas de train, pas de camion, pas de pluie. Princesse est de bonne humeur, on a droit à des pancakes au sirop d’érable. Après quelques courses et le remplissage d’une bonbonne de gaz (nous avons deux bonbonnes en permanence, dès qu’une est vide, je branche la pleine et je fais remplir la vide dans une station-service), nous arrivons aux Butchart Gardens, un vaste jardin botanique aménagé sur le site d’une ancienne carrière épuisée dès le début du XXème siècle par la famille Butchart qui gère toujours le site qui compte 22 hectares ouverts au public.

The Smashing Pumpkins.
The Smashing Pumpkins.

Des belles plantes, des jolies fontaines et même un carrousel : la girafe pour l’un et le cougar pour l’autre, puis nous terminons la visite sous la pluie.

Butchart Gardens.
Butchart Gardens.

3 novembre 2014.
Nous arrivons à la pointe sud-est de l’île, à Swartz Bay pour prendre le ferry qui nous ramènera sur le continent à Tsawwassen en un peu moins de deux heures d’une paisible croisière au travers des Gulf Islands. Nous traversons sans encombre l’impressionnant Active Pass où les passages les plus étroits n’ont que quelques centaines de mètres de large, soulagés de ne pas être à bord d’un bateau de Costa Croisières … De retour sur la terre ferme, il pleut dru, mais cela ne nous empêche pas de visiter l’ancienne conserverie de saumon Cannery à Steveston, surtout que c’est couvert, et nous terminons la journée à cuire des biscuits dans le four du CC, sur un bivouac face aux Britannia Heritage Shipyards.
4 novembre 2014.
Nous sommes gâtés pour notre dernier jour au Canada : soleil et pas de pluie. Nous en profitons pour suivre la promenade le long des docks historiques de Stevetson.

Steveston.
Steveston.

Nous trouvons un laudromat, garons le CC au soleil et ventilons au maximum pour évacuer l’humidité. Deux heures, Catherine lance trois machines « triple load » pendant que je refais les lits superposés et capucine (c’est épique) et que je gère les garçons (ça ne l’est pas moins). Ce soir, c’est la fête : nous sommes invités chez Catherine et Gilles, deux belges installés à Vancouver depuis deux ans qui avaient reçus le lien de notre site web par le kinésithérapeute qui s’est bien occupé de mon cas les derniers mois avant notre départ. Catherine est aux anges : elle va pouvoir faire la conversation à des adultes (autres que moi qui ne suis pas très causant) et les kets sont excités « d’aller chez les gens qu’on ne connaît pas ». Super soirée en tout cas, c’est ça aussi la magie des voyages : faire des rencontres et partager.
5 novembre 2014.
Voilà, ça y est, quand faut y aller, faut y aller. Nous quittons le centre de Vancouver dans la matinée et arrivons rapidement à la frontière Américaine, après avoir mangé nos derniers fruits et légumes frais.

This is not the end.
This is not the end.

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