De Peace Arche USA Border à Cathedral Gorge SP (du 5.11.2014 au 19.11.2014 – 2.707 km – 12.947 km cumulés)

5 novembre 2014.

Nous avançons lentement sur les dernières dizaines de mètres de la highway 99 et ce n’est qu’après avoir passé le panneau « welcome in USA » que nous réalisons que nous n’avons pas le tampon dans nos passeports pour la sortie du Canada. Bon, c’est trop tard, on verra bien. En attendant, on a d’autres chats à fouetter (quelle cruelle expression, au fond). Welcome, welcome, mon œil avec oui. On a surtout intérêt à ne pas faire les malins et à montrer patte blanche pour passer la frontière américaine. Fin limier, l’agent en poste remarque que nous ne sommes pas trop à notre aise et il aide même Catherine à remplir les formalités pendant que je gère les deux kets. Heureusement, il n’y a pas trop de monde, l’affaire est faite en une bonne heure et nous voilà au pays de l’oncle Sam, au pays où rien n’est permis (si ce n’est de porter une arme) mais où tout est possible (trop d’exemples pour un citer un). Comme on avait vidé le frigo en prévision du passage aux douanes (ni fruits, ni légumes frais ne sont tolérés), notre première étape est le Walmart de Bellingham, où tant qu’à faire on passe la nuit parmi les autres RV’s. Le sentiment de sécurité est tout relatif ici : n’importe quel gugusse est susceptible de posséder une arme à feu, si bien que j’en vois en train d’admirer une carabine à l’autre bout du parking. Welcome, welcome, n’est-ce pas.

6 novembre 2014.

Nous quittons Bellingham assez tôt et arrivons rapidement sur les Whidbey Islands, un archipel situé au sud des touristiques San Juan Islands. Nous traversons le Deception Pass State Park (SP, il y en aura d’autres) et faisons la pause de midi à West Beach, Valentin est content de se dégourdir les jambes alors qu’Alexis ne décroche plus des Duplos

Encore un ferry.
Encore un ferry.

Nous visitons également Coupeville et ses belles anciennes demeures en bois colorés, puis arrivons à Clinton pour prendre le ferry alors que la mer est déchaînée, faisant tanguer le navire, ce qui fait bien rire les garçons.

7 novembre 2014.

Mauvaise nuit, on n’est pas loin de la nuit blanche … à Seattle. Les pancakes nous sont d’un grand réconfort et nous tirons notre épingle dans le jeu des embouteillages de la ville. Garés sous le viaduc à côté du Pike Place Market, nous laissons le CC non sans l’avoir mis en mode anti-intrusion.

Downtown.
Downtown.

Nous arpentons ensuite 1st avenue jusqu’au Klondike Gold Rush National Historic Park, un musée qui retrace l’histoire de la ville au travers de l’épopée de la ruée vers l’or en Alaska au début du XXème siècle. Un éditorialiste a eu le coup de génie à l’époque : instituer la ville de Seattle, en plein marasme à ce moment-là, comme point de passage obligé pour les chercheurs d’or en herbe. Suite à une fameuse campagne marketing, à la limite du spam, ce furent des milliers d’hommes et de femmes en quête d’aventure et surtout d’or, qui bifurquèrent vers la ville pour se fournir en matériel et organiser périple jusqu’à la rivière Klondike. Peu en revinrent riches, certains n’en revinrent jamais. Nous suivons ensuite sur 2nd avenue jusqu’au Columbia Center, la tour la plus haute de la ville (973 ft) où nous lunchons au skyview level qui offre une sacrée vue sur la ville depuis le 73eme étage, et notamment sur Space Needle, le bâtiment emblématique de la cité des Supersonics.

Supersonics.
Supersonics.

Après ça, il ne nous reste plus qu’à redescendre downtown pour prendre un Pike Special Coffee au Starbucks de Pike Street, fondé en 1971 et premier d’une série qui en compte maintenant plus de 18.000 répartis dans 62 pays, dont la Belgique.
Dans l’ensemble, s’il ressort une atmosphère agréable de cette ville, à la fois hype et trendy, nous restons frappés par le nombre de désœuvrés, et d’originaux dans les rues, côtoyant les fondateurs de Microsoft, d’Expedia et d’Amazon.

8 novembre 2014.

Les enfants ont besoin de temps pour eux, direction la plaine de jeux, ce qui nous permet de régler quelques affaires d’intendance : Princesse casse une armoire et prépare une soupe pendant que je répare l’armoire et le chauffage route qui permet de réchauffer l’habitacle avec la chaleur du moteur tout en roulant.
Nous avons dû repenser notre itinéraire, la plupart des routes du Yellowstone étant déjà fermées et avec des températures annoncées jusqu’à moins 28 degrés, nous laissons tomber notre projet d’aller dans le Montana et descendrons au sud par l’Oregon.

9 novembre 2014.

Si les nuitées sur les parkings de grandes surfaces sont parfois bruyantes, elles ont l’avantage d’offrir une connexion à internet, grâce auquel nous parlons à la famille avec Skype, avant de partir sur les routes de montagne du Mount Rainier NP. L’épreuve du jour, c’est le Chinook Pass à 5.400 pieds où il fait 25° fahrenheit et que nous atteignons après 32 miles tout en ayant consommé 1,62 Gal de diesel et mangé 14 Oz de pain. Ha, ha, comme mon épouse, vous vous demandez mais pourquoi ils ne sont pas foutus de passer au système métrique, ces américains. Les vues sur le Mont Rainier sont superbes, il faut dire qu’il culmine à 4.392 m et qu’il reste toujours couvert de neige, dominant de vastes forêts de conifères. Le Chinook Pass, c’est une autre affaire, « heavy snow » qu’ils disaient, heureusement que la déneigeuse nous précédait et que le CC est pourvu de pneus M+S (obligatoirement, c’est ça ou les chaînes, qu’on a aussi, mais je n’ai jamais tenté de les monter). Le paysage, riche en sapins jusqu’alors, dévient plus aride à l’embranchement avec la highway 12 qui nous réserve le White Pass. Trop content de quitter les régions très urbanisées, beaucoup plus qu’au Canada d’ailleurs, vu le facteur 10 en densité de population, nous bivouaquons au Windy Point campground niché le long de la rivière Tieton dans la Wenatchee National Forest. Il n’offre aucun service si ce n’est des enveloppes à remplir pour le self-registration, ce dont nous nous acquittons sagement.

10 novembre 2014.

Il a fait aussi froid que calme, cette nuit. Le chauffage Truma peine à réchauffer l’habitacle alors nous partons rapidement pour profiter de la chaleur du moteur, dont la température ne cesse de monter, comme la route d’ailleurs, jusqu’au White Pass. Après, la descente est tellement vertigineuse que la température du moteur chute et ne permet plus de chauffer l’habitacle, jusqu’à la côte suivante. Nous longeons ensuite le Mont Ste-Helene, un volcan dont la dernière éruption mortelle remonte à 1980. Nous trouvons un bivouac près d’une rivière à côté d’une caravane près de laquelle le feu de camp fume encore, mais nous n’y voyons âme qui vive.

11 novembre 2014.

Alexis a fait un cauchemar, merci les contes de Perreault, ce qui m’a pris de constater que la bombonne de gaz était vide vu que le frigo clignotait rouge, mais franchement changer la bonbonne en pleine nuit dans le froid : très peu pour moi.

Beau mais froid.
Beau mais froid.

Avec -1°C au réveil ce matin, le frigo c’était tout le motorhome, ils n’ont sûrement pas essayé ça les petits rigolos du Ice Bucket Challenge. Nous partons sans tarder, mais même avec les chauffages vollenbak (sur le moteur), impossible de ramollir le Nutella pour le petit-déj, pareil pour le miel, la confiture aux abricots fera seule l’affaire pour une fois. Nous poursuivons jusqu’à Portland, chef-lieu de l’Oregon, deuxième état fédéré de notre parcours américain, où nous sommes accueillis par des rafales de vent qui font tourbillonner les feuilles mortes dans les airs.

Downtown.
Downtown.

Nous trouvons le réconfort au Gaufre Gourmet, un authentique Food Truck qui sert de véritables gaufres de Liège, puis sur notre lancée de belgitude mood, nous visitons la brasserie des Widmer Brothers qui a pignon sur rue depuis 1984 (Big Brother is watching you). Les brassins sont fortement aromatisés, un peu trop à mon goût, mais c’est très généreusement servi pour la dégustation, la mère de mes fils pourra confirmer.

Il y a du stock.
Il y a du stock.

Heureusement que c’est moi qui conduit, nous arrivons à la tombée de la nuit sur la route panoramique de la Colombia River, quatrième cours d’eau du pays. Trouver un bivouac dans le noir alors qu’il y a des panneaux NO PARKING ANYTIME partout n’est pas chose aisée, et c’est à côté de la Corbett Community Church que nous trouverons le repos.

12 novembre 2014.

Le repos tant attendu fut loin d’être éternel, près de cette petite église de Corbett, le vent a soufflé si fort qu’on avait l’impression que le motorhome était prêt à vaciller, ou qu’un arbre allait choir sur la cellule. J’ai même allumé le chauffage de 3h à 4h du matin pour endiguer le gel qui s’installait dans le CC, vu que la pompe à eau nous a déjà fait des ratés. Nous partons rapidement, mais les rafales de vent sont si fortes que toute sortie est impossible avec les kets. Au péril de ma coiffure légendaire, je sors prendre quelques photographies pour prouver qu’on y était.

Entre deux rafales.
Entre deux rafales.

A Hood River, nous trouvons un accès internet pour faire le point sur la situation. Je convoque un conseil restreint avec ma légitime et nous décidons que trop is te veel : après deux semaines de pluie à Vancouver, nous ne sommes pas d’accord d’affronter les tempêtes de neige et les vagues de froid annoncées ( -10°C la nuit) et nous mettons cap au sud. Nous passons ainsi sans regret à côté du mont Hood, de White River qui porte bien son nom vu qu’elle est gelée et de Crater Lake, ce dernier détenant le record d’enneigement du pays (si pas du monde, ou du moins là où c’est mesuré) : 28 m sur un hiver. Même sur 10 ans il n’y en a pas autant à la baraque Fraiture. Alors, l’Oregon, ça vous tente? Les paysages n’en sont pas moins superbes : quelques ranchs isolés sur les haut-plateaux aux extrémités desquels se dresse tel ou tel mont enneigé. Pour la pause nocturne cette fois, j’installe le détecteur de CO, en plus des détecteurs multi-gaz et de fumée, parce que je laisse le chauffage au gaz tourner toute la nuit.

13 novembre 2014.

Le pire a bien été évité dans le camping-car grâce au chauffage Truma, mais dehors une épaisse couche de glace recouvre le capot. Elle fondra dans la journée : 400 km jusqu’à Reno, une ville de Casinos dans le nord du Nevada où il ne gèlera pas la nuit et où nous avons réservé un hôtel qui n’a d’autre prétention que de nous offrir un bon bain chaud, une bonne connexion pour travailler sur le site et un petit-déj plus que correct.

14 novembre 2014.

Ce matin, nous prenons la direction de Virginia City que nous rallions après avoir franchi plusieurs cols qui flirtent avec les 2.000 m d’altitude.

Les Daltons arrivent.
Les Daltons arrivent.

Il s’agit d’une authentique ville du Far-West américain, avec son bar saloon, le bureau du shérif et tout ce qu’il faut pour faire de cet endroit un spot touristique, assez réussi il faut le reconnaître. Les trottoirs sont en bois, de même que la potence où furent pendus les plus vils gibiers.

Ouf il n'y en a que deux.
Ouf il n’y en a que deux.

Sur les réverbères sont accrochés des fanions qui célèbrent les héros mort aux guerres. Nous nous lançons ensuite sur la highway 50 qui traverse le Nevada d’ouest en est et qui est qualifiée de ‘route la plus solitaire du pays’. Cette route est taillée pour ceux qui savent que le chemin est aussi important que la destination. Il est vrai que nous n’y croisons pas grand monde et que les paysages sont assez désertiques. Nous bivouaquons sur un campground du barrage Lahontan, barrage qui ne barre pas grand’chose vu le niveau d’eau du lac de retenue, au plus bas.

Yep, pas mal.
Yep, pas mal.

15 novembre 2014.

Aujourd’hui, c’est la fête du Roi, alors nous avons droit à sa photo sur le calendrier perpétuel. Nous avons aussi droit à des pancakes, ce qui tombe bien vu que nous passerons à côté du mont Pancake demain. La route, faites d’interminables tronçons de lignes droites sur un haut plateau est doté de quelques sites historiques, ici les pétroglyphes de Grimes Point, datant de près de 7000 ans, là les ruines d’un village de colons, et puis un des refuges qui jalonnaient le légendaire parcours du Pony Express.

Le nom des fous ...
Le nom des fous …

D’avril 1860 à octobre 1861, des cavaliers se relayaient jour et nuit pour acheminer le courrier et les nouvelles de l’expansion américaine sur plus de 3.000 km. C’est la Transcontinental Telegraph Line qui sonna le glas de ces longues chevauchées. Nous arrivons à Austin, Nevada, en fin d’après-midi alors que de gros flocons de neige commencent à tomber. Les cantonniers sont déjà à pied d’œuvre et nous passerons le col de 7484 pieds sans difficulté.
Nous arrivons dans le noir, sous la neige, sur l’aire de repos à plus de dix-neuf cent mètres d’altitude. Nous sortons toutes les couvertures, nous vêtons deux pyjamas aux garçons et je branche le chauffage au gaz pour la nuit. Un peu plus tard, un énorme camion arrive, comme ça on sent moins seuls, d’autant plus qu’il laissera tourner son moteur toute la nuit.

16 novembre 2014.

Le chauffage a bien turbiné, reste plus qu’à espérer que la bonbonne de gaz ne se videra pas pendant la prochaine. On ne devait pas être loin du moins 15 degrés (heureusement pas Fahrenheit) et pour la première fois du voyage, le moteur ne démarre pas au quart de tour.

Un peu givré.
Un peu givré.

Là, nous sommes vus en gezien : alors qu’on a roulé quelques mille bornes vers le sud, en quête de soleil et de chaleur, cette vague de froid nous a poursuivis jusqu’ici, plus vigoureusement encore du fait de l’altitude. Nous arrivons à Eureka en roulant au pas sur une fine couche de neige verglacée.

J'ai trouvé.
J’ai trouvé.

Ici aussi il règne une ambiance de western, le bar-saloon sombre affiche déjà ouvert et le shérif veille au grain.

Robinson sans Crusoé.
Robinson sans Crusoé.

Quelques cols à plus de 2.000 m plus tard, dont le Robinson qui affiche 7604 pieds (soit 2.357 m, ha ha, vive le métrique), nous arrivons à Ely puis bifurquons vers le Great Basin NP. Nous y arrivons alors que le visitor center ferme ses portes et le (power) ranger fait l’honneur à Catherine de l’aider à replier la bannière étoilée pour former un triangle, vous savez comme pour les enterrements dans les films américains. Le campground du parc étant trop haut, nous lui préférons le RV park de Baker, 600 m plus bas (en altitude), ce qui nous fera gagner quelques degrés. Bref, c’est la fête, il ne fera que – 12 ° C cette nuit. Tout ça à cause de ce sacré vortex polaire, un courant d’air provenant du pôle nord et qui donne un coup de fouet qui baisse les températures d’une vingtaine de degrés. Et c’est pour qui, le vortex, c’est pour bibi. Le comble, c’est qu’on avait fui l’Oregon pour aller vers le chaud.

17 novembre 2014.

Nous profitons des douches du camping, d’autant plus que vu le gel, nous évitons l’eau courante dans le CC, c’est une sacrée logistique pour ne pas remplir les tuyaux que nous avons purgé, et les cuves d’eau sale qui sont déjà gelées, puis nous remontons dans le parc pour visiter la grotte de Lehman, trésor historique national. Connu des indiens, le site fut redécouvert en 1885 par un chercheur d’or et n’accueille que quelques dizaines de visiteurs par jour afin de mieux le protéger.

Lehman Cave.
Lehman Cave.

C’est en compagnie de Betty, une sympathique Ranger que nous pénétrons au plus profond de la grotte qui présente profusion de concrétions calcaires : les traditionnelles stalactites et stalagmites, mais aussi du popcorn, du bacon, des draperies et même une wedding chapel. La visite est un vrai show, offert par la malicieuse Betty. Après cette passionnante visite, nous profitons de l’édition collector d’Émilie Jolie pour rouler dans le calme et voir le coucher de soleil sur cette route désertique bordée de montagnes aux formes douces.

US50
US50

18 novembre 2014.

Le calme d’hier après-midi, ils nous le font payer cher, ce matin, les deux monstres. Nous arrivons assez tôt au Cathedral Gorge SP, un site magnifique taillé par l’érosion.

Si vous saviez ...
Si vous saviez …

Autrefois un vaste lac, les couches de sédiment forment des lignes horizontales dont le relief est donné par l’écoulement gravitationnel des eaux qui ont taillé la vallée pour former ces cathédrales. Certaines parois offrent même des cavités dans lesquelles on peut pénétrer, mais pas quand il pleut, ce qui d’ailleurs n’arrive pas souvent ici vu la sécheresse qui règne.

Pas quand il pleut.
Pas quand il pleut.

Installés sur le campground du park, désert en cette saison, les enfants peuvent jouer longuement après Juniper trail, une promenade de 5 km qui suit le lit de la rivière asséchée qui sillonne le fond de la vallée. La bombonne de gaz a la bonne idée de se vider alors qu’il fait déjà nuit noire et qu’il gèle, mais tel un héros discret, je ferai le nécessaire pour la survie de ma lignée.

19 novembre 2014.

Désertique.
Désertique.
Ils ont l'air sage, comme ça.
Ils ont l’air sage, comme ça.

Nous profitons encore ce matin du parc et de ses installations, puis quittons le Nevada pour l’Utah, la contrée des mormons et des incontournables parcs nationaux et nous apercevons déjà les falaises ocres du Zion NP.

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