De Macara à Lima (du 24.06.2015 au 08.07.2015 – 1.744 km – 36.604 km cumulés)

24 juin 2015.
Le passage du pont international nous ouvre les portes du Pérou et les formalités sont vite réglées. Le seul hic, c’est que le pey de l’assurance obligatoire (SOAT, on la retrouve ici également) n’est pas là, je vais le regretter amèrement plus tard, car cela nous impose une halte à Piura, première grande ville sur notre itinéraire. Après m’être fait indiquer le bureau d’assurance le plus proche, je décide de m’y rendre à pieds et laisse Catherine et les garçons sur le parking sécurisé d’un centre commercial. A peine ai-je sorti mon smartphone pour me servir du GPS, une moto surgi (même pas hors de la nuit) et mon appareil disparaît. J’ai beau courir à perdre haleine derrière en hurlant, la moto se fond dans le trafic avec une bonne partie de ma vie privée et de notre voyage, puisque mon smartphone contient non seulement plus de la moitié des photos quotidiennes, le GPS dans lequel j’ai introduit manuellement une cinquantaine de points pour les semaines à venir, mes boîtes de messagerie, les trips report des trois dernières semaines, et même les vidéos de Yakari pour faire plaisir aux kets dans les files d’attente ainsi qu’une grande série de fichiers divers en pdf. Pour me consoler, l’officier de la police touristique m’explique qu’il lui est arrivé la même chose le mois passé et qu’il n’y a rien à faire si ce n’est en acheter un nouveau. Ok, je peux faire une croix sur l’espoir de retrouver le mien. La seule utilité de ma présence au commissariat sera d’utiliser le PC d’un officier pour modifier les mots de passe des messageries, c’est toujours ça qui ne sera pas pris. Pendant ce temps, Catherine tente de justifier ce vol aux enfants, style « Vous savez, les gens ici n’ont pas assez de sous pour s’acheter un beau téléphone, ils sont pauvres … » ouais, des pauvres cons, ça c’est sûr, j’avoue ne pas partager une telle compassion. Bref, je l’ai mauvaise et nous quittons cette ville de merde vers 16h, après avoir souscrit à cette foutue SOAT. S’ouvre devant nous une belle et longue route asphaltée, 200 kilomètres de traversée du désert, quasi en ligne droite, il me faut bien ça pour me vider la tête. Nous arrivons dans le noir à Lambayeque dont l’intérêt majeur réside dans son musée du tombeau du seigneur de Sipán que nous visiterons demain matin à la première heure vu que nous bivouaquons devant les grilles du musée, à côté du kiosque du veilleur de nuit.

La traversée du désert.
La traversée du désert.

25 juin 2015.
Au moins, le garde ne se sera pas endormi cette nuit, je l’ai régulièrement entendu vociférer au téléphone. Nous pouvons enfin entrer dans le musée qui reconstitue la pyramide du tombeau du seigneur de Sipán. A la manière des archéologues, la visite commence par le haut pour se terminer en bas, en remontant le cours du temps. La pyramide a été découverte il n’y a que trois décennies, par un archéologue qui a surpris un intense trafic d’antiquités, pourtant limité à l’exploitation d’une toute petite partie du complexe. Les pièces présentées sont magnifiquement travaillées pour l’époque, on se situe de entre le premier et le sixième siècle de notre ère.

Pyramide.
Pyramide.

 

Pas de photo dans le musée.
Pas de photo dans le musée.

Plusieurs reconstitutions à échelle réelle permettent d’apprécier le raffinement mortuaire : le seigneur était enterré avec trois jeunes filles pour l’accompagner dans son voyage dans l’au-delà, et protégé par un garde dont les pieds étaient sectionnés. Même son aïeul fut enterré au même endroit, 150 ans avant. Sortir de la ville ne sera pas évident, entre le marché populaire et la manifestation estudiantine (contre les vols à l’arrachée ?), il faut trouver son chemin, et celui-ci est enfumé.

Revendications.
Revendications.

 

ça gaz ?
ça gaz ?

Comme d’habitude, la traversée des villes est épique, même en restant sur la Panam, qui a bien triste mine en zone urbaine (à côté de ça, la E42 c’est un billard). Il n’y a que 200 kilomètres à parcourir avant d’arriver à Huanchaco, mais il faudra plus de cinq heures pour en venir à bout, compte tenu également des ravitaillements en carburant, en gaz propane (Llamagaz, bâtiment jaune sur la Panam avant Trujillo en venant du Nord, GSP : -8.03053, -79.06231) et en eau potable (toujours le système de girafon/botellon de 20 litres qu’on transvase dans le jerrican. Nous nous installons au Huanchaco Gardens RV Park, l’endroit est correct mais la dénomination est un peu prétentieuse. Un couple de jeunes suisses-allemands, toujours aussi sympathiques, fait comme si on n’était pas là. Nous profitons de la douceur de vivre de la cité balnéaire en cette fin de journée pour nous promener sur le malecon et admirer le coucher du soleil. Quelques surfeurs cherchent la vague parfaite, mais la mer est calme ce soir, et les caballitos de totora rentrent au bercail. Ce sont ces petites embarcations en roseau identiques à celles qui figurent sur des poteries vielles de deux millénaires et qu’on ne trouve plus qu’ici. Leur durée de vie est de quelques mois et elles reposent au soleil, bien droites, pour sécher sous le soleil couchant.

Caballitos de Totora.
Caballitos de Totora.

 

Hermanos.
Hermanos.

26 juin 2015.
Le wifi est excellent et j’en profite pour travailler toute la journée : courrier, site internet, photos, archivage et sauvegarde, itinéraire, commande d’un nouveau smartphone, et récupération de mon numéro de téléphone. Pessimistes, ou peut-être simplement réalistes, on avait prévu le coup et il n’y a qu’à activer une carte sim qu’on avait prise en réserve, fournie par notre opérateur. Pendant ce temps, les kets s’extasient devant la faune sauvage qui peuple le jardin : oiseaux, tortues et iguane. On tente une sortie pour faire des courses, mais dans les micros-bodegas, rien n’est au goût de ma femme. Hé, il n’y a pas que les Walmart dans la vie!

Camping.
Camping.

27 juin 2015.
C’est en bus (très) local que nous nous rendons au musée et aux ruines de Chan Chan, la plus grande cité précolombienne découverte à ce jour. Bien après la civilisation Moche (prononcez motché), la civilisation la Chimú (prononcez … comme vous voudrez) qui a précédé les Incas, établît son siège ici, en plein désert mais proche de l’océan. Le site est partiellement reconstitué selon les techniques d’adobe de l’époque. Construite au 14ème siècle, la cité s’étendait sur plus de vingt kilomètres carrés et compta jusqu’à soixante mille habitants. La conquête des Incas puis l’arrivée des Espagnols et leurs pillages systématiques précipitèrent le déclin de la cité, au même titre que les inondations et les pluies torrentielles qui ont érodé les murs de terre. Places vouées aux cérémonies bordées de fresques tridimensionnelles, quartiers selon la classe sociale, le site possède même un énorme bassin qui servait de réserve d’eau pour faire face à la sécheresse.

On fait le mur.
On fait le mur.

 

Chan Chan.
Chan Chan.

10 Chan Chan

Fini les plaines de jeux.
Fini les plaines de jeux.

Le musée du site, quoi que vieillot, n’est pas en reste et présente non seulement de belles maquettes, mais aussi un de ces bizarres chien sans poil, tout noir, on dirait qu’il est tout cramé. Nous rejoignons ensuite le centre-ville historique, la grande Plaza de Armas encadrée de maisons colorées est magnifique. La belle basilique regorge de fresques vouées au culte de Jésus et la Casa de Urquiaga est ouverte au public pour une visite bien encadrée par le service de sécurité.

Trujillo.
Trujillo.

 

Plaza de armas.
Plaza de armas.

 

Basilica.
Basilica.

Nous faisons quelques courses dans un « vrai » supermarché avant de rentrer en combi, entassés à 26 dans un véhicule plus petit que notre motorhome! Il se fait tard et nous ne nourrissons plus d’espoir quant à l’arrivée des Castagna. A peine sommes-nous au lit qu’ils débarquent, on se relève donc et on ouvre une bouteille. Ou deux.

28 juin 2015.
Nous partons en groupe vers un autre site archéologique et laissons nos amis à Chan Chan. Nous les retrouverons brièvement à Arco Iris, bien conservé car enfoui dans le sable jusqu’au fouilles des années soixante, puis profitons encore d’être en ville pour faire quelques courses et prendre un lunch avant de rentrer à Huanchaco. En fin d’après-midi, nous montons admirer la vue dur l’océan depuis le Santuario de la Virgen del Soccoro une des plus anciennes églises du pays.

Arco Iris.
Arco Iris.

 

Terrain de jeux.
Terrain de jeux.

29 juin 2015.

Panam.  Classique.
Panam. Classique.

Départ matinal aujourd’hui pour quitter la côte et monter dans la Cordillère Blanche en empruntant le Cañon del Pato et sa piste qui longe le rio Santa. Les échos que nous avons d’autres voyageurs qui nous précédent sont que la piste est chaotique mais praticable pour un CC classique, c’est donc confiant que nous nous lançons, avec la force du groupe vu que le Niesmann Bischoff des Castagna nous suit de près. Nous quittons Huanchaco et contournons Trujillo, puis retrouvons des paysages désertiques et une Panaméricaine en bon état jusqu’à Santa, juste avant Chimbote. Là, notre route bifurque vers les montagnes en longeant le rio Santa, traverse de nombreux villages et offre par la même occasion de nombreux casses-vitesse, mais reste bien asphaltée, jusqu’à Chuquicura où nous faisons une pause. Puis, ça se complique. La route se transforme en piste qui, selon mes critères, est très mauvaise : tôle ondulée, gros cailloux et ornières. On est balancés dans tous les sens, ce n’est pas grave, mais ce qui m’inquiète, c’est qu’en une heure, on a fait 5 kilomètres et déjà cogné et raclé plusieurs fois le bas de caisse à l’avant du véhicule.

Cañon del Pato.
Cañon del Pato.

 

Cañon del PAto.
Cañon del Pato.

Le paysage est magnifique et c’est carrément excitant de suivre une route pareille, mais justement, ce n’est pas une route et il suffit d’une grosse pierre mal placée pour bousiller le carter ou autre chose. Si ça peut le faire sur quelques kilomètres, c’est une autre histoire sur 70. Je me réunis alors en kern restreint et j’estime les risques de dégâts trop élevés. Le verdict tombe sans appel, j’arrête les frais, on ne va pas plus loin. C’est une déconvenue de ne pas aller au bout de cette aventure, mais c’est le choix qu’il nous faut faire pour que notre camion nous emmène bien au bout de notre aventure de deux ans. Le demi-tour sera bien négocié et nous laissons, la mort dans l’âme, nos amis dont le véhicule, plus haut que le nôtre, ne court pas les mêmes risques. Les 5 kilomètres de retour ne seront pas plus faciles, si ce n’est qu’on sait que ça ne sera pas trop long, encore une heure.

Courtesy of Castagna.
Courtesy of Castagna.

 

Pas pour nous.
Pas pour nous.

En sortie de piste, le rituel contrôle des cailloux coincés dans les roues jumelées est positif, et ce n’est pas un mais deux cailloux (en fait carrément des pierres) qui sont coincés, heureusement du même côté. Je suis bon pour sortir le cric (que je troquerais bien contre une Kriek) et donner de ma personne avant de retourner à la case départ : la station-service de Santa, en bordure de Panam. Une bonne nuit en perspective.

Et une Kriek avec ça !
Et une Kriek avec ça !

30 juin 2015.

Panam.
Panam.

Pas de raison de s’éterniser sur ce bivouac, nous partons assez tôt, d’autant plus qu’une longue route nous attend. Quittant Santa, il faut traverser Chimbote et son trafic infernal. La courtoisie au volant n’existe pas mais on s’en tire pas trop mal en imposant le CC selon la technique de « moi d’abord, les autres après ». Puis la Panam est excellente jusqu’à Casma où nous la quittons pour la PE14A, chaotique pendant une quinzaine de kilomètres, puis excellente jusqu’à Huaraz, la capitale de la Cordillère Blanche, et heureusement parce que les virages en épingle se succèdent, la route monte du niveau de la mer jusqu’au col de Punta Callan à 4.225 m en seulement quelques dizaines de kilomètres. D’abord désertique, le paysage se fait plus vert, et offre quelques arbres, malgré l’altitude. Passé le col, la Cordillère Blanche se dévoile : une série de pics enneigés et ornés de glaciers à plus de six mille mètres d’altitude.

Cordillera Blanca.
Cordillera Blanca.

C’est magnifique, et pour ne rien gâcher, la route est nickel, j’arrive à descendre sur le frein moteur, en épargnant les plaquettes de freins. Par moment j’ai des montagnes blanches dans les deux rétros ! La traversée de Huaraz, ville sans charme, détruite par un tremblement de terre en 1970 est moins agréable. Ce qui l’est plus, c’est de retrouver nos amis qui s’en sont bien tirés dans le Cañon de Pato. Nous bivouaquons ensemble sur le parking d’un hôtel à l’entrée de la ville et réservons un tour organisé pour le site archéologique de Chavin de Huantar au programme demain. Il est possible d’y aller en motorhome par nos propres moyens, mais nous avons lu que la piste est assez rude, une fois de plus.

1 juillet 2015.
Nuit assez difficile, nous n’avons pas respecté les paliers pour monter en altitude, nous étions hier au niveau de la mer et avons passé la nuit à 3.040 m, alors qu’il faut pour bien faire monter par pallier de 500 m après une étape à 2.500 m. Ponctuel, le chauffeur de l’agence Atusparia vient nous chercher à 9h, puis récupère la guide et d’autres touristes. Après la sortie de la ville, la route PE3N vers Catac est très bonne et magnifique, elle sillonne entre les Cordilleras Blanca, qui aligne les sommets enneigés de plus de 6.000 m, et Negra, moins majestueuse mais qui a le mérite de bloquer les vents chauds du Pacifique et ainsi de protéger les 600 glaciers du Parque Nacional Huascaran qui englobe toute la zone au-dessus de 4.000 m dans la Cordillera Blanca. Passé Catac, la AN110, asphaltée et en très bon état, nous mène à la Laguna Querococha pour une petite halte.

Laguna Querococha.
Laguna Querococha.

 

Laguna Beach sans Inesta.
Laguna Beach sans Inesta.

Puis la route lacets grimpe jusqu’au tunnel de Kahuish à 4.516 m, il permet d’accéder de l’autre côté de la montagne. Là, ça ne rigole plus, la route est défoncée, c’est parti pour une trentaine de kilomètres de grosses caillasses et de descente, je me félicite d’avoir laissé le motorhome sur le parking de l’hôtel, et plus encore pour le dernier kilomètre d’accès à la ville qui abrite le site archéologique de Chavin de Huantar. La visite est intéressante, mais notre guide dithyrambique me fait perdre le fil de l’histoire. En bref, la civilisation Chavin qui précède de loin les Incas, a établi ici un important centre cérémonial, en plusieurs phases successives de construction, s’étalant de 1200 avant J.C. à 2500 avant J.R. Fins observateurs, les prêtres Chavins avaient une terrible connaissance des astres, des saisons, des cycles de pluie et de sécheresse pour en mettre plein la vue à l’élite par leurs cérémonies grandioses, et peut-être même terrifiantes, s’appuyant sur le réseau de galeries souterraines, de murs noirs de charbon poli et de canalisations pour créer des effets sonores et lumineux qui en épataient plus d’un à l’époque. Étudiant les astres, ils avaient orienté le bâti au millimètre près, si bien qu’au solstice d’été, les rayons du soleil passaient au travers d’un petit trou caché dans un escalier et illuminait le Lanzon, divinité de granit, vénéré par les Chavins.

Chavin de Huantar.
Chavin de Huantar.

 

Chavin de Huantar.
Chavin de Huantar.

 

Galeries.
Galeries.

A l’autre bout du petit village, le beau musée expose des pièces originales restaurées, notamment une fameuse série de têtes-clous qui devaient terrifier ceux qui avaient consommé force de cactus hallucinogènes, ainsi que la stèle de Tello, véritable objet de culte. Le chemin du retour, identique à celui de l’aller, se fait sous le soleil couchant et c’est lessivés que nous rentrons nous coucher.

2 juillet 2015.
Grand nettoyage ce matin, les Castagna nous passent leur puissant aspirateur, puis nos routes se séparent, mais pas pour longtemps. Tandis qu’ils se dirigent vers Lima, nous remontons dans la Cordillère Blanche qui n’en finit pas de nous émerveiller. Nous suivons le Rio Santa jusqu’à Carhuaz dont nous faisons le tour de la belle place, ornée de rosiers, et empruntons la AN107 vers Chacas. La route est magnifique, en asphalte s’il vous plaît (sauf dans un bled sans nom où il convient de suivre un chemin terre sur 3 kilomètres), il suffit d’éviter les éboulements et les bus qui roulent à tombeau ouvert.

Quel cantonnier !
Quel cantonnier !

 

Waouw !
Waouw !

Le CC nous porte ainsi entre deux groupes de montagnes blanches de neige et de glace : les pics Huascaran Sur (6.768 m), Huascaran Norte (6.652 m) et Chopicalqui (6.353 m) sur notre gauche et Hualcan (6.122 m), Copa (6.188 m) et Ulta (5.875 m) sur notre droite, jusqu’au tunnel Punta Olimpica, long de plus d’un kilomètre, probablement le plus haut tunnel de cette longueur au monde. Il relie les versants Nord et Sud, respectivement à 4.736 m et à 4.680 m. De l’autre côté du tunnel, la route est tout aussi bonne, mais pensez à bien serrer vos lacets …

Hé, si tsé pas faire tes lacets, achète des scratchs.
Hé, si tsé pas faire tes lacets, achète des scratchs.

 

Le bout du tunnel.
Le bout du tunnel.

Nous arrivons à Chacas après une longue descente et y sommes accueillis par un agent municipal qui nous indique où stationner le camion sur la place principale. Très vite, les curieux arrivent, Catherine leur fait visiter notre casa rodante et nous leur montrons un petit livre illustré présentant la Belgique sous son meilleur visage pendant que les kets courent sur le gazon de la place.

Bivouac.
Bivouac.

 

Belgica es ...
Belgica es …

3 juillet 2015.
Nuit calme et fraîche, la place du village s’anime doucement. Fondé vers 1570, San Martin Papa de Chacas est perchée sur une crête à 3.360 m et possède une école de sculpteur de bois, dont le travail est visible sur les balcons qui ornent les maisons autour de la place. Un électronicien répare le chargeur de notre aspirateur pour quelques soles et je monte au balcon de la mairie comme si c’était chez moi. Nous avons encore droit à quelques visites dans le motorhome tandis que les kets jouent sagement aux Duplos. En fin d’après-midi, nous visitons l’école de sculpture, les garçons sont impressionnés par le travail des artisans qui reproduisent à l’identique ou à l’échelle des modèles religieux.

San Martin Papa de Chacas.
San Martin Papa de Chacas.

 

Hé t'as vu ?
Hé t’as vu ?

4 juillet 2015.
La soirée fut animée sur la place du village, mais vers 23h, le calme est revenu. Nous quittons ce petit hameau paisible dont plus de la moitié des rues sont encore en terre, mais ne manquons pas de passer par l’épicerie pour faire le plein de coca, dont les feuilles séchées se prennent en infusion. Utilisé depuis plus de 5000 ans par les civilisations andines, la coca fut considérée comme « feuille du diable » et interdite par le clergé hispanique au début de la Conquista, avant le volte-face des colons qui comprirent l’utilité de la plante qui non seulement aide les indiens à tenir le coup face au travail forcé mais aussi permet aux autorités de prélever un impôt supplémentaire sur les abondantes récoltes. Par la suite, je vous passe les détails de la boisson édulcorée américaine, mais ce qui est plus important, c’est de savoir que si la possession en est interdite partout au monde, même au Pérou, une certaine tolérance est d’application dans les régions andines. Toutefois, sous l’impulsion d’Evo Morales, son président, la Bolivie a obtenu la légalisation de la culture, du commerce, le la possession et de la consommation de feuilles de coca sur son territoire auprès des Nations Unies en 2013 est donc actuellement le seul pays dans ce cas, bien que le Pérou tente de lui emboîter le pas, pour motif de traditions ancestrales également. Peut-être aussi parce que le Pérou est le premier producteur de coca par ailleurs. Sur ces entrefaites, nous reprenons l’excellente route AN107 et faisont une pause dans la montée avant le tunnel pour une courte promenade jusqu’au mirador de Potaca pour y admirer la laguna Cancarára aux reflets turquoises provoqués par les minéraux qu’elle contient.

Laguna Cancarara.
Laguna Cancarara.

 

Punta Olimpica.
Punta Olimpica.

 

Sans la pluie et la grêle.
Sans la pluie et la grêle.

Passé l’impressionnant tunnel, nous suivons cette interminable route à lacets jusqu’à la vallée où coule un ruisseau bleuté près duquel paissent des vaches. Parfait pour la pause, mais le vent, la pluie et même la grêle nous incitent à changer de bivouac et nous nous retrouvons ainsi sur la place de Carhuaz à déguster une énorme glace, spécialité locale.

Miam.
Miam.

5 juillet 2015.
Nuit agitée et bruyante, comme on les adore. Nous retournons vers Huaraz sur le parking de l’hôtel Real Huascaran : il nous faut faire des courses, utiliser le wifi et profiter de douches chaudes. Il y a même des alpagas qui nous rendent visite.

Alpagas.
Alpagas.

6 juillet 2015.
Petite journée, je vais récupérer le linge à la lavanderia, Catherine donne l’école, avec énergie et motivation car il y a eu un peu de relâchement ces derniers temps, et surtout, nous usons et abusons d’une douche bien chaude mise à disposition dans une chambre inoccupée de l’hôtel. Avant de quitter la ville, nous passons dans une llanteria, sorte de Monsieur Pneu, pour l’alignement des roues avant. C’est déjà la troisième fois du voyage, mais c’est manifestement nécessaire vu l’usure prématurée du côté droit du pneu avant droit. Évidemment, il n’y a pas de pneu de la même dimension, alors je me contente de le faire retourner, histoire d’équilibrer l’usure, il paraît que ça pneu le faire … Après quelques centaines de mètres, en ligne droite, je constate que je dois tenir le volant à 1h pour aller tout droit, le mécano n’y est pas allé de main morte. Demi-tour et nouveau réglage, ça me semble mieux, on verra ce que ça donne dans quelques milliers de kilomètres.

Fait que ça file droit.
Faut que ça file droit.

 

Miam :-))
Miam :-))

Nous quittons ainsi par la PE3N cette vallée dominée par la Cordillera Blanca, puis perdons de l’altitude en descendant vers la côte, non sans avoir pris des fromages de Chiquian, ça nous changera du caoutchouc des grandes surfaces. Nous nous arrêtons pour la nuit dans un petit village, Lacachay, en faisant une énorme sensation. Pourtant nous ne sommes pas les premiers, je sais qu’une famille est passée ici récemment. Ça doit être le charme fou de mon épouse ou le charisme de mes kets qui scotche tout le monde, je fais le tour du village avec eux.

7 juillet 2015.
Nous poursuivons cette longue descente vers la côte, le brouillard nous envahit et fait disparaître tous les contrastes, seuls les panneaux de signalisation et les légumes mis à sécher sur le bord de la route apportent un peu de couleur à ce paysage de silice terne. Pour la pause de midi, nous montons la piste rugueuse d’accès à la réserve de Lachay, une oasis dans le désert, mais la brume et l’absence totale de service (même pas de l’eau) nous poussent vers la sortie.

Panam.
Panam.

 

Panam.
Panam.

Un point bivouac en bord de mer ne donne rien, et nous voilà pris au piège des embouteillages de Lima alors que la nuit tombe déjà. On se tape une bonne vingtaine de kilomètres de trafic dense et on est encore loin du centre, alors on tente le coup à l’hôtel que nous avons réservé pour après-demain, entre la Panam et l’aéroport, à l’intention de nos amis qui viennent visiter un bout du pays avec nous. L’accueil est très bon, mais le CC ne passe évidemment pas la porte du garage. Pas grave, il reste devant l’hôtel, au beau milieu de la rue. On a même droit à l’électricité, au wifi et à la patrouille de sécurité privée.

8 juillet 2015.
Réveil en fanfare, avec le joyeux tintamarre des voitures et tuks-tuks qui doivent se croiser et se céder le passage, vu que nous bloquons une bande de circulation. Heureusement pour nous qu’il n’y a pas de Commission de Mobilité comme à Bruxelles ici (salut les gars). En tout cas, ça ne perturbe en rien Valentin qui est pertinemment conscient qu’aujourd’hui, c’est son annif et que donc, il peut ouvrir ses cadeaux et manger du gâteau. Comme la patience n’est pas son fort (c’est de famille), nous petit-déjeunons ainsi d’un bon gros gâteau au chocolat.

4 ans déjà.
4 ans déjà.

Très cordialement, l’aubergiste nous offre une douche dans une chambre qui vient de se libérer puis nous nous rendons en taxi dans le centre historique. Le pilote qui connaît manifestement les dimensions de son véhicule au millimètre près nous dépose Plaza San Martin après un incroyable trajet dans un trafic infernal, et dire que je devrai faire pareil après-demain pour sortir de la capitale. Nous remontons par la Jiron de la Union, sorte de rue Neuve dons le seul intérêt est d’être piétonnière, jusqu’à la Plaza Mayor où, coup de bol, nous arrivons pendant la relève de la garde vu qu’il est midi. Ça me fait d’ailleurs drôle de revenir en famille sur cette magnifique place que j’avais visitée avec un ami il y a onze ans (Jon, si tu nous lis …).

La relève.
La relève.

 

La relève aussi.
La relève aussi.

Nous poursuivons jusqu’à l’Alameda Chabuca Granda, vaste esplanade qui borde le rio Rimac qui a l’air d’être à sec, puis revenant sur nos pas, nous visitons la basilique et le couvent de Santo Domingo, toujours occupé par des moines qui veillent sur les restes de Santa Rosa de Lima, première femme d’Amérique à être canonisée et consacrée patronne de la ville. A ses côtés repose San Martin de Porres, premier mulâtre canonisé en raison des guérisons miraculeuses qu’on lui attribua (il était infirmier). Jamais deux sans trois, mentionnons également San John Macias, toujours très charitable avec les nécessiteux. En fait, le clergé a mené une politique de béatification dans le pays pour créer des idoles aux couleurs locales à adorer en lieu et place des traditionnels dieux.

Faïence espagnole.
Faïence espagnole.

 

Santo Domingo.
Santo Domingo.

 

Scienta vincere tenebras.
Scienta vincere tenebras.

Nous rentrons au CC, les kets sont surexcités ou en tout cas, m’en ont tout l’air, vu que je suis claqué. Bref, ce n’est pas la folle ambiance, mais il vaut mieux ça aujourd’hui que demain car nous accueillons nos quatrièmes visiteurs du voyages, et avec eux, pour sûr, ça sera la quatrième dimension. En fait, c’est surtout pour Catherine que ça sera difficile : elle va devoir supporter non pas un (moi) mais deux (Yas et moi) ingénieurs incapables de lire un mode d’emploi ou de reconnaître qu’ils ont (exceptionnellement) tort. Heureusement qu’Alexandra, la courageuse compagne du susnommé, sera là pour la soutenir.

Locos.
Locos.

 

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