De Las Vegas à Cochuma Lake (du 26.12.2014 au 15.01.2015 – 2.639 km – 19.190 km cumulés)

26 décembre 2014.
Il fait toujours aussi froid et le vent cinglant n’aide pas à se réchauffer en ce lendemain de Noël. Nous montons une dernière fois avec Marc au sommet de la tour d’observation de l’hôtel, à 286 m au-dessus du plancher des vaches et de tout le reste puis allons manger au Circus Circus, ou plutôt dans le CC, sur le parking du célèbre casino.

Merci !
Merci !

Déjà lassés de cette ville artificielle, nous prenons la direction du Death Valley NP. En cours de route, nous faisons halte au campground du Red Canyon mais celui-ci affichant complet, nous nous contentons du Walmart de Parhump à quelques 90 km plus loin. Deux grands changements pour les VW qui accueillent un hôte de marque (désolé Marc, pas fait exprès) : on achète des bières et Valentin cède son lit pour migrer sur la banquette.

27 décembre 2014.
Le Death Valley NP où nous arrivons tôt dans la matinée n’a rien de mortel en hiver. La température y est même agréable sous ce soleil hivernal. En été, c’est autre chose : la moyenne des maxima est de 46 °C en juillet avec un record à 57 °C. Nous prenons possession d’un emplacement au Sunset Campground qui ressemble à un parking mal entretenu, même pas un arbre pour avoir de l’ombre, ni de douche : ils ne se sont pas foulés. Ensuite, direction le Golden Canyon où je profite de la présence de Marc, sportif accompli, pour faire une vraie rando de 9 km, suivant d’abord le canyon jusqu’à la « Cathedral » (en fait une falaise incurvée), puis nous montons au Zabriskie Point pour tirer quelques photos de cette époustouflante vue sur ce qui jadis fut une mer.

Vallée de la Mort.
Vallée de la Mort.

Prochaine étape, et au complet, Badwater qui est le point le plus bas du parc et des Amériques : moins 85 m. Bon, ce n’est pas la Mer Morte, et il faut l’altimètre pour s’en rendre compte, mais le site est impressionnant.

Mortel.
Mortel.

Les kets en profitent pour se dégourdir les jambes et courent joyeusement jusqu’à leur « Papa que j’aime d’amour » (des années d’entraînement pour ce résultat) sous le regard amusé des touristes asiatiques.

Ils sont crevants !
Ils sont crevants !

Oui, ce sont mes rejetons et je n’en suis pas peu fier. Nous terminons cette belle journée avec le coucher de soleil sur Artist Drive, une petite route scénique qui requiert toute ma vigilance une fois la nuit tombée et retournons au camp pour notre première nuit à moins 55 m d’altitude, et on n’est pas dans un sous-marin.

28 décembre 2014.
On a payé, on y a droit : direction le visitor center pour le badge des kets, ça leur avait bien manqué. Un peu plus loin, c’est LA halte historique du parc : trois morceaux de charrette et quelques ruines, vestiges de l’exploitation de borax de la fin du XIXème siècle.

Pour le borax.
Pour le borax.

Puis Marc veut de l’aventure, alors paf on fait du off-road avec le CC, une piste caillouteuse et poussiéreuse à souhait, avec même de la tôle ondulée (pas en acier bien sûr). Tout ça pour quoi, une petite promenade sur un ponton accessible aux chaises roulantes : vous avez reconnu le Salt Creek trail où coule un petit ruisseau dissident qui n’ira jamais se jeter dans la mer. Encore plus loin, c’est la pause bac à sable au Mesquite Flat Sand Dunes. Sous l’effet des vents qui se croisent à cet endroit du parc, de grandes dunes se sont formées. Il ne manque plus qu’un cornet de glace et on se croirait à Wenduine pendant les congés du bâtiment. Encore un morceau de piste plus loin, nous arrivons au Mosaic Canyon dont certaines parois ont été polies par l’eau et rendent un aspect comme du marbre s’il vous plaît. Nous arrivons de justesse avant la nuit au RV park de Panamint, qui ne paye pas de mine mais qui a le mérite d’offrir une douche chaude et même une connexion à Internet par satellite, très lente mais suffisante pour rassurer notre famille : we survived the Death Valley.

29 décembre 2014.
La journée sera routière alors on démarre à 8h30. Ça commence par du désert plat. Pour briser la monotonie, la route se transforme en piste bien pourrie, je roule sur les bords, presque dans le sable pour réduire les vibrations de l’habitacle.

Aïe.
Aïe.

Puis la route redevenue asphalte monte et monte dans la montagne, le paysage se fait semi-aride avec de nombreux joshua trees, ces arbres-cactus rendus célèbres par un album de U2. Puis passé le col, les cactus font place aux sapins et même à de l’herbe, nous n’en n’avions pas vu depuis des semaines, si ce n’est dans les parcours de golf de Las Vegas bien entendu. Enfin, passé Backersville, c’est une succession de vergers dont les oranges sont bien mûres, de vignes déjà vendangées et de puits de pétrole, il y en a des dizaines et des dizaines entre les plantations. J’espère au moins que les pesticides et engrais ne vont pas altérer le précieux liquide. Vous prendrez bien un verre : jus, vin ou pétrole? Nous trouvons un bivouac à Three Rivers, village proche de l’entrée du Séquoia NP, après 425 km en 7h, aux taquets n’est-ce pas?

30 décembre 2014.
C’est sous un ciel couvert que nous arrivons dans le parc national juste avant l’ouverture du visitor center. Il va falloir monter à plus de 2.000 m maintenant, alors que la route n’est pas recommandée aux RV’s de plus de 22 pieds. Ça tombe bien : notre CC n’en mesure que 24, c’est bien pour ça qu’on a inventé le principe de coefficient de sécurité. Inutile de vous raconter que les paysages sont surprenants mais vous n’en verrez rien : pas question de rompre l’élan pour une photo. Passé 1.800 m, les premiers géants des forêts sont bien là. Si ne sont pas les plus grands, cette caractéristique étant réservée aux Sherwood qui peuvent dépasser les 110 m, les Séquoia sont les plus volumineux. Avec un diamètre habituel de 3 m et une hauteur de 80 m, il y a de quoi faire des allumettes!

Big tree.
Big tree.

Les plus impressionnants ont même droit à un baptême : Général Sherman pour celui qui a un tronc de 11 m de diamètre et qui affiche le plus gros volume. Comme si ce n’était pas suffisant, ces vénérables comptent plusieurs milliers d’années, 2.200 ans pour le Sherman, encore un gamin à côté de l’arbre le plus vieux sur terre : 4.700 ans. Après, ça se complique un peu : chaînes obligatoires pour arriver au Kings Canyon NP, sans quoi on peut faire demi-tour. Bon, je me souviens où elles étaient rangées, j’arrive à ouvrir la boîte et même le mode d’emploi. Voilà, j’ai bien travaillé, Marc prend le relais, vite rejoint par un canadien, très amusé par la scène et finalement aidé par un ranger du parc. Pour eux, c’est un jeu d’enfant, ils ne s’encombrent pas de la notice d’utilisation.

Déchaînés.
Déchaînés.

Ils repartiront sales et frigorifiés, certes, mais aussi avec une tablette de véritable chocolat made in Belgium (merci Agnès). Nous pouvons enfin nous élancer dans la General Highway, cette route légendaire qui relie les parcs Séquoia et Kings Canyon, et arrivons juste avant la nuit au campground. L’accueil y est glacial avec un bon vieux moins 5°C, et il y a même des armoires métalliques garde-manger où les campeurs doivent stocker leurs victuailles, pour se prémunir d’agression par les ours : les garde-manger qui sont bear-safe (les ours n’arrivent pas à les ouvrir). Il y a un vent de tous les diables et je redoute qu’une branche ou même une pomme de pin nous tombe dessus : il y a de quoi démolir les panneaux solaires.

31 décembre 2014.
Ouaw quelle nuit! Content qu’elle soit finie. Je monte sur le toit du CC, ouf il a tenu bon.

Gla-gla-gla.
Gla-gla-gla.

Autour de nous, branches et pommes de pin grosses comme des ananas : on la échappé belle, mais ça caille. Nous allons jusqu’au Général Grant, un autre séquoia millénaire. Le sentier passe au travers d’un tronc, puis arrive sur une patinoire et bardaf c’est l’embardée : je me vautre lamentablement, une vraie scène de vidéogag. Il fait tellement froid et les sentiers sont tellement glissants que nous ne profitons pas vraiment du site, alors ras-le bol, on se déchaîne (plus facile de les enlever que de les mettre) et on part vers Merced en une descente interminable de 2.000 m en altitude. Les kets y repèrent une belle plaine de jeux, juste à l’heure de la pause de la mi-journée. Nous repartons ensuite vers le Yosemite NP et faisons halte pour la nuit sur une aire de repos. Échaudés par le réveillon, nous y bravons deux interdictions : no overnight and no alcohol.

1 janvier 2015.
Bonne année ! Aujourd’hui, c’est déjà l’année prochaine. Il a encore bien gelé cette nuit, on dirait qu’il y a une troisième vague de froid. Nous partons directement vers le parc national du Yosemite. La belle route de montagne suit la rivière Merced et nous mène rapidement dans le Parc. Nous commençons la visite par les Bridalvail Falls qui sont comme nous : gelées.

Voile de la mariée.
Voile de la mariée.

Nous trouvons un emplacement au soleil, ce qui est loin d’être évident : il y a des arbres (pins et sapins) partout. Nous scindons le groupe : Catherine avec les garçons au CC, Marc et moi en randonnée jusqu’au Miror Lake, plutôt à sec en ce moment, comme partout en Californie où de nombreuses campagnes de sensibilisation pour sauver l’eau sont en cours.

Yosemite.
Yosemite.

C’est décidé, à partir de maintenant, on ne boira que du vin et on se lavera à la bière. Nous terminons le petit tour dans la Yosemite Valley par la vue sur El Capitain, cette fameuse falaise granitique haute de 900 m, connue de tous les grimpeurs de l’extrême.

Yosemite aussi.
Yosemite aussi.

En repartant sous le soleil couchant, nous traversons des forêts brûlées sur des kilomètres, résultat des terribles incendies de l’été 2013. Nous arrivons tardivement à Sonora où il fait toujours aussi froid, mais les kets ont été exemplaires tout le temps de la conduite. Marc sait y faire avec eux, banco on l’engage comme garçon au pair.

2 janvier 2015.
Tout en s’approchant de Sacramento par la highway 49, nous traversons le Gold Country qui s’est développé lors de la ruée vers l’or. Mark Twain notamment y prospecta mais n’obtint la célébrité que grâce à des pépites littéraires. Nous passons d’abord à la plaine de jeux, puis à la douche (dans le CC) et enfin au laundromat.

3 janvier 2015.
La Californie possède son propre Capitole, siège des institutions de l’état, basé à Sacramento, la capitale d’état comme chacun sait. Nous y arrivons tôt ce samedi matin pour la visite libre des lieux. Quelques bureaux d’époque sont aménagés avec force de boiseries, cuir, tapis moelleux et ambiance feutrée alors que l’assemblée réserve un laptop à chaque représentant, histoire qu’ils puissent jouer à Solitaire pendant les longues sessions.

Capitole.
Capitole.

Aux murs sont accrochés les portraits de tous les gouverneurs, parmi lesquels un autrichien bodybuildé : l’Amérique, l’Amérique, si c’est un rêve je le saurai. Nous allons ensuite au Railroad Museum, passionnant musée qui retrace l’histoire de la conquête de l’ouest et surtout du développement par le transport. De magnifiques locomotives sont exposées, de même que divers wagons (postal, couchettes, dînettes, frigo) et une impressionnante collection de trains miniatures qui l’illustre la riche histoire des jeux de trains électriques, et qui ne manquera pas de marquer les esprits de mes fils : il faut que Papy fasse tourner les petits trains (Marklin) pour quand on reviendra du grand voyage !

A taaaaable.
A taaaaable.

Les visites, ça creuse alors on se la joue à l’américaine : un pizza-buffet de derrière les fagots, des slices bien grasses et arrosées de sodas qui coulent à flots mais tout de même accompagnées du salade-bar pour se donner bonne conscience.

Bis repetita placent.
Bis repetita placent.

Il ne reste plus qu’à éructer sans gêne, merci Valentin et puis terminer par une petite promenade digestive en calèche dans le Old Town District.

Les States en une image.
Les States en une image.

Nous quittons la ville des Kings pour rejoindre la campagne viticole au nord de Napa.

4 janvier 2015.
Nuit calme et paisible, juste troublée par les cris des coyotes et par Valentin qui voulait un câlin à 4h du matin. Nous traversons la magnifique Napa Valley, puis la Sonoma Valley où se succèdent les vignobles. Globalement, il n’y a pas tant de vignes que ça et nous traversons de belles forêts dont les arbres sont vêtus de lichen. Nous arrivons à la Francis Ford Coppola Winery à l’heure de l’apéro et dégustons quatre vins différents. Le cadre est assez bien aménagé et un musée-boutique expose les meilleures cuvées à la vente ainsi que des reliques des grands films du réalisateur, comme Apocalypse Now et la trilogie Godfather. Catherine nous sort sa fameuse potée champignons au bacon qui se marie fort bien avec le pinot noir de la cuvée « Votre Santé ».

Santé.
Santé.

Nous roulons encore un peu jusqu’à Santa Rosa et y trouvons un bivouac sur le parking d’un casino.

5 janvier 2015.
Assez bonne nuit sur le parking du casino où, nous n’aurons rien gagné et rien perdu vu que nous n’y avons joué aucun kopeck. Nous quittons la ville et traversons la campagne vallonnée et verdoyante en une succession de fermes et de ranchs, puis nous retrouvons l’océan Pacifique que nous avions quitté à Seattle il y a deux mois. La côte est magnifique, d’ailleurs les autorités ne se sont pas trompées : il y a de nombreux parcs d’état (les SP). A Bodega Bay, nous dînons en haut des falaises qui dominent l’océan, puis descendons à la Marina qui offre un RV Park au beau milieu de la baie, près des bateaux de pêche. Wifi, douches chaudes et apéro devant le feu de camp, comme un air de vacances.

C'est pas l'homme qui prend la mer.
C’est pas l’homme qui prend la mer.

6 janvier 2015. Matinée paisible à la marina de Bodega Bay, un peu de travail avec le PC, un peu de Skype en famille et un peu de farniente. Nous reprenons la route à travers la campagne mais pas pour longtemps : la plaine de jeux de Tomales est tellement accueillante qu’on y passe l’après-midi et même la nuit. Les kets jouent avec un gamin qui veut jouer à cache-cache et/ou au catch, alors qu’ils préfèrent jouer à la baballe. La petite localité est typique, quelques belles maison assorties des grands balcons en bois, et quelques échoppes autour de la rue principale qui traverse les collines où broutent des vaches bien grasses.

7 janvier 2015.
… comme la grasse matinée jusqu’à 8h, juste troublée par le meuglement des dites vaches. La route qui nous mène jusqu’au bout du Point Reyes National Seashore est aussi magnifique que chaotique, sans compter les virages secs, les montées raides et les descentes vertigineuses. Qui veut aller loin ménage sa monture, ça je le sais, mais les petits excités qui collent le CC n’en n’ont cure. Quand c’est possible, j’utilise les « pullouts » ou les « turnouts » pour les laisser passer et lâcher la pression, mais quand il n’y a pas de place pour se mettre de côté, les plus nerveux me dépassent rageusement, non sans manifester leur désapprobation d’un coup de klaxon appuyé et d’un majeur tendu bien haut : l’élégance américaine est sans limite. Après deux heures d’Orangina, secouez-moi, nous arrivons à Chimney Rock au fin fond de la péninsule et nous voyons bon nombre d’éléphants de mer et de phoques se dorer la pilule au soleil tandis que les pélicans font la razzia sur les bancs de poissons.

Encore un phare.
Encore un phare.

Nous arrivons ensuite au Point Reyes Lighthouse où nous sommes accueillis par deux gamins qui nous racontent avoir vu 7 baleines. Ben voyons, et moi je suis Spiderman. Pourtant ils disaient vrai : il ne nous faut pas deux minutes pour apercevoir au loin les brumisations caractéristiques des baleines. Alors que tout le monde (il y a bien une quinzaine de petits vieux installés là avec des zoom de 400 mm et des jumelles high-tech) scrute l’horizon dans la même direction, j’ai la bonne idée de regarder à l’opposé et j’aperçois bien distinctement deux spécimens à portée de vue. Nickel, le contrat est rempli, Marc et les kets sont aux anges : ils n’avaient encore jamais vu tous ces animaux marins dans leur milieu naturel. Nous quittons cette magnifique réserve et nous dirigeons jusqu’à San Francisco pour un bivouac à quelques encablures du Golden Gate Bridge.

8 janvier 2015.
San Francisco se lève et nous avec, mais pas dans une maison bleue. Nous arrivons par la grande porte : le Golden Gate Bridge qui traverse la baie de San Francisco.

Golden Gate Bridge.
Golden Gate Bridge.

Ouvrage impressionnant s’il en est, que nous avons tous déjà vu maintes fois, mais encore jamais en vrai. Et en plus, on passe dessus avec le CC, qu’il ne reste plus qu’à stationner sur Marina Green Drive, le long de l’océan pour la journée (dommage, overnight interdit). Nous marchons un petit peu jusqu’au Musée Maritime et prenons un cable car, ces fameux tramway sans moteur qui se meuvent sur les rues pentues en s’agrippant sur un câble qui tourne en continu.

Cable car.
Cable car.

Touristique à crever, mais incontournable. La longue attente nous permet d’être assis aux premières loges et de voir que la réputation des streets of San Francisco n’est pas usurpée. Nous arrivons ensuite au Peer 39, le dispensable place to be touristique qui offre tout de même une belle vue sur la baie et sur les lions de mer qui y ont élu domicile après le tremblement de terre en 2004. Le soleil tombe déjà et il faut encore trouver un bivouac alors on ne s’y attarde pas.

9 janvier 2015.
Aujourd’hui, c’est le grand schisme d’Amérique : pour que Marc puisse visiter la ville à son rythme, nous le quittons à Church street, non loin de la maison bleue de Maxime Le Forestier et nous poursuivons jusqu’à Powell station pour un petit tour de cable car vers Chinatown. On se croirait vraiment en Chine, d’ailleurs bon nombre d’inscriptions sont traduites en mandarin, même celles émanant d’institutions officielles. Nous descendons dans le quartier financier, non pas que j’ai des actions en bourse (je vous épargne la suite), mais pour visiter le musée de la Wells Fargo, une banque fondée lors du Gold Rush. Puis nous empruntons le tramway historique (il n’y a pas que le cable car dans la ville) qui longe le quartier des embarcadères. Pour Alcatraz, c’est rapado : nous n’avions pas réservé et tout est complet les trois prochains jours (il faut y aller en bateau) alors on se console avec une petite croisière dans la baie de San Francisco, ce qui nous vaut de magnifiques points de vue sur la ville, le pont, la prison et même quelques îles huppées.

Pas besoin de s'évader.
Pas besoin de s’évader.

Un long, très long trajet en cable car, à pieds et en trolley (non Valentin, ce bus n’est pas très moche) nous ramène au motorhome et à Marc. Alors que les VW et leur hôte se sont endormi, toc-toc à la porte : c’est la police. L’agent, un peu gêné, soit de ce qu’il va m’annoncer, soit de me voir en caleçon, m’explique qu’un riverain a appelé et que nous ne pouvons pas rester là. Bref, on est chassés comme des malpropres. Le hic, c’est qu’il n’y a pas de camping en ville, mais je trouve un bivouac quelques kilomètres plus loin, à côté du terminus de la ligne L de pré-métro (ça n’existe pas qu’à Bruxelles – je salue mes collègues au passage).

10 janvier 2015.
Nous sommes vite dans le tram, mais pas vite en ville (ça n’existe pas qu’à Bruxelles non plus) : après quelques arrêts, les portes sont bloquées et pas moyen de repartir. La wattman autoritaire fait sortir tout le monde, s’esquinte seule pendant quelques minutes avant d’avoir l’idée de génie : elle réquisitionne notre fringuant Marc (d’ailleurs je crois que ça le démangeait) et, à l’unisson, en quelques puissants coups de reins qui frisent l’érotisme, ils claquent une à une les portes récalcitrantes.

L'union fait la force.
L’union fait la force.

La conductrice reconnaissante érigera Marc en héros avec force de louanges chaleureuses. Nous pouvons repartir et sortons à Church street, artère frontière entre les quartiers Castro plus gay que fidèle et Mission, épicentre historique de la grande ville. Nous passons comme en pèlerinage devant la Maison bleue, et bien que nous y soyons venus à pieds, nous n’y trouvons pas la clef.

Pour Maxime.
Pour Maxime.

Encore une petite balade jusqu’à la Mission Dolores et nous rentrons au bercail pour arriver dans un triste RV resort qui ne doit son salut qu’à la piscine, au hot tub, à la vue sur l’océan et à la proximité avec l’aéroport international : Marc repart demain. Pour fêter ça (enfin, disons juste pour Marc-quer le coup), on ouvre enfin cette bouteille de mousseux californien qui traînait dans le frigo depuis le nouvel an et on enchaîne avec un bon rouge de Coppola.

11 janvier 2015.
Tout beau, tout propre, nous conduisons notre ami à l’aéroport. On ne se lance pas dans de longs adieux émouvants, mais tout de même Alexis a la larme à l’œil. Il lui suffira d’une sucette pour s’en remettre : c’est quand même beau et profond les sentiments à cet âge précoce. Nous repartons vers la côte sur la route 1 et dînons avec vue sur l’océan. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que Valentin nous sortira son effet Kiss-Cool : « ouin ouin je veux voir Marc ». Nous retrouvons progressivement nos Marc oups nos marques à quatre et bivouaquons sur un bon vieux Walmart à côté de Salinas.

12 janvier 2015.
Nous prenons la direction de Monterey, ville côtière dont le centre historique est bien valorisé et dont les plages sont accueillantes. Nous y voyons des lions de mer, des cormorans, des sternes et des mouettes.

Monterey.
Monterey.

Les gens du coin sont assez sportifs : j’en vois qui courent, d’autres qui pédalent et d’autres qui nagent. Petite pause au Starbucks pour les parents, puis longue, très longue pause à la plaine de jeux pour les enfants. Catherine en profite pour remiser les couvertures et vestes d’hiver, en prévision des prochains mois qui s’annoncent chauds et humides.

13 janvier 2015.
Nous suivons cette magnifique route 1 de Californie, qui longe la côte de Big Sur en offrant de beaux panoramas. La route est récente : elle fut construite au début des années trente lors du vaste programme de développement par les grands projets de construction visant à mettre au travail la jeunesse victime de la crise de 1929. La région reste donc encore sauvage et très peu habitée (pensez à tanker avant). Le Andrew Molera SP offre une belle promenade qui mène à la plage de sable fin, sertie de rochers et de falaises. Sauf que pour arriver au trail, il faut mettre les pieds dans l’eau : en été la rivière qui coupe le chemin est à sec, mais en hiver c’est une autre histoire, assez revigorante.

Gla-gla-gla.
Gla-gla-gla.

Sur la plage, c’est la fête, il y a juste assez de vent pour lancer le cerf-volant et voir les garçons courir à perdre haleine. Il ne manque que la digue et les cuistax.

State beach.
State beach.

Pour le bivouac, on zappe les campgrounds dispendieux et sans service (toilettes sèches) pour prendre de la hauteur sur une route tranquille qui rejoint une base militaire, et y dénichons un emplacement avec vue sur océan et sur les montagnes : à moins de 2 km de l’eau, il y a déjà des sommets qui dépassent les 1.000 m.

A bivouac with a view.
A bivouac with a view.

 

A Bud. with a view.
A Bud with a view.

14 janvier 2015.
Excellente nuit, très calme et réveil avec une belle vue. Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à monter sur la Nacimiento-Fergusson road et à vous arrêter où bon vous semble pour la nuit. Nous verrons d’ailleurs des condisciples en redescendant sur la route côtière. A Piedras Blancas, si vous voulez voir de l’éléphant de mer, vous serez servi! Il y en a des centaines qui se prélassent au soleil. Les mâles, dont les plus gros castards atteignent 5 m et dépassent 2 t, se partagent les femelles : le ratio est de un pour trente.

Eléphants de mer.
Eléphants de mer.

Ça ne sent pas la rose et c’est incroyablement bruyant, mais ça vaut bien une pause car c’est un des rares endroits où on peut en voir autant de si près. Un peu plus loin, nous arrivons au Hearst Castle : le rêve américain à l’état pur. Tandis que son père qui a fait fortune en découvrant des mines d’argent et a investi dans le foncier, histoire d’être certain de ne louper aucun gisement, le jeune William fait un tour d’Europe avec sa jeune mère. Plus tard, devenu un magnat de la presse et un homme d’affaire avisé, William Hearst bâtit une maison à la mesure de sa mégalomanie, sur les terrains hérités de son père (un petit 750 km2, soit plus de 4 fois la Région de Bruxelles-Capitale), avec l’aide de l’architecte Julia Morgan et en se basant sur ses souvenirs d’enfance et sur sa collection d’antiquités. Au final, un truc grandiose mais inachevé, où le Ketchup côtoie le mauvais goût, et dont les américains raffolent (du Ketchup, bien sûr).

Citizen Kane.
Citizen Kane.

 

Ouf, on est sauvé.
Ouf, on est sauvé.

Bref, ce monument historique le plus visité de Californie (après Disneyland, c’est dire la référence, et qui n’a rien d’historique) n’est en fin de compte qu’une maison moins vieille que celle de mon Papa avec du mobilier qui pourrait être celui de ma grand-mère (coucou Oma). Le plus intéressant dans tout cela, c’est que le personnage inspira le cinéaste Orson Welles qui en fit le Citizen Kane que vous connaissez (« Rosebud »). Nous poursuivons jusqu’au Walmart de Arroyo Grande, où l’overnight est prohibé, mais où va-t’on? Hé bien on va à Santa Maria, trente kilomètres plus loin, où c’est autorisé.

15 janvier 2015. Non d’une pipe, ce n’était pas autorisé non plus, on en est quitte pour un avertissement. Alors que nous arrivons dans le Santa Barbara County, nous passons Los Olivos où feu Michael Jackson aimait se détendre dans son domaine Neverland, qui reprenait les fondamentaux du Hearst Castle. Un peu par hasard, nous arrivons au Cochuma Lake campground, un immense camping verdoyant et ombragé en bord de lac. Sur les 450 places disponibles, seules une vingtaine sont occupées, alors nous avons l’embarras du choix, et optons stratégiquement, pour un emplacement face à une plaine de jeux. Plus on se rapproche de L.A. moins on trouve de bivouac, alors ici on est bien et les kets aussi.

Et au milieu coule une rivière.
Et au milieu coule une rivière.

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