De Tecate border à Santa Maria Del Tule (du 23.01.2015 au 8.02.2015 – 3.362 km – 23.158 km cumulés)

23 janvier 2015.
Pour des raisons de facilité et de sécurité, nous avons donc opté pour le passage en douane à Tecate, malgré le détour que cela constitue en venant de San Diego. Avant de franchir les grilles et d’entrer au Mexique, il est impératif de laisser la fiche verte au bureau des douanes américaines, mais qui étonnament, ne donneront rien en retour, même pas un tampon dans le passeport. Il faut se garer près du bureau de change et aller dans le bâtiment qui sert principalement pour ceux qui entrent aux USA, et non pour ceux qui en sortent. En fait, on a eu du bol, parce que normalement le bureau est fermé l’après-midi, mais apparemment, ils ont fait une exception pour nous.

Rien à déclarer.
Rien à déclarer.

Puis un agent vient s’assurer que nous passons bien les grilles pour quitter le territoire US. On aurait déjà pu faire du change, mais les taux sont meilleurs à Ensenada et on peut régler en dollars US les formalités d’entrée aux douanes mexicaines. On passe sous le portique de rien à déclarer et un agent mexicain nous invite à nous garer de côté, pose quelques questions, vient jeter un coup d’œil curieux dans le CC et me demande de le déplacer avant de remplir les papiers, si bien qu’on sort des douanes mais on a intérêt à y revenir à pieds pour se mettre en règle. Nouveau coup de bol, il n’y a pas de file. D’abord les visas : à la question ville de destination, j’ai mis Cancun, histoire de montrer qu’on va traverser tout le pays, à la question adresse, j’ai mis R.V. – casa rodante. Passage à la banque sise dans l’enceinte même des douanes, puis finalisation des visas. Ensuite, le permis d’importation temporaire du CC : à la même banque avec copie du certificat d’immatriculation, copie du passeport (c’était prévu) et copie du papier que je viens de remplir (merci l’agent, sinon un peu plus loin dans la rue), compléter le formulaire qui déclare une série de matériel qu’on amène et voilà la vignette. Vérifier les données, surtout le numéro de châssis et le nom. A la sortie du pays, on doit rendre la vignette, sauf si on y revient avec le même véhicule endéans les dix ans, et on reçoit la caution de retour. Tout cela a été réglé en espagnol (mais c’était assez approximatif : l’oisiveté me gagnant, je n’ai pas encore révisé) et avec le sourire, en moins d’une heure et demie : le temps de compléter les formulaires à son aise, il ne faut pas être pressé par ici, sauf sur les routes bien entendu. L’assurance Sathers que nous avons nous couvre encore en Basse Californie, mais je vais quand même me renseigner à l’agence en face des douanes pour une couverture sur tout le pays. Le coût excessif me suggère d’attendre la traversée du Golfe de Californie pour arranger cela, surtout qu’il est déjà 16h et qu’on a 125 km à taper jusqu’à Ensenada sur la côte pacifique. Nous traversons donc rapidement la ville de Tecate et suivons la route en assez bon état, puis le soleil tombe et nous transgressons déjà la première règle de sécurité des routes mexicaines : ne pas rouler de nuit. Mais bon, ce n’est que le soir et la route, en dehors des villes et villages traversés est bonne, si bien que nous arrivons sans encombre au Walmart d’Ensenada (pas très original, je le concède) où nous sommes en sécurité et quasi au calme pour la nuit.

24 janvier 2015.
Nous remplissons le frigo avec des produits frais mexicains. Les fruits et légumes sont moins calibrés qu’aux States, mais ils n’en seront que meilleurs, dixit ma ménagère de moins de cinquante ans. Nous tirons également des liquidités au Mister Crache, puis c’est parti mon kiki, nous roulons plein pot vers le Sud. Les paysages sont agréables, si ce n’est les détritus dans les accotements et de quoi alimenter la presse locale à la rubrique ‘chiens écrasés’, et ça n’a rien de figuratif. Au moins ici, les chauffards dépassent sans klaxonner et sans démonstration outrageuse, ils gardent les deux mains bien accrochées au volant et/ou au téléphone pour accomplir leur manœuvre dans un virage en côte avec double ligne. La pause se fait à l’ombre d’un auvent d’une station-service Pemex, la compagnie pétrolière nationale, on a rien trouvé de mieux pour se protéger du cagnard. Les quelques villages que nous traversons se ressemblent : des commerces bariolés, pas de trottoir ni de caniveau, juste de la terre séchée de part et d’autre du ruban d’asphalte inégal, agrémenté ci et là d’un tope, sorte de casse vitesse qui finira bien par casser autre chose, surtout quand il est mal signalé. Les contrées traversées sont principalement agricoles, des vignes (et donc du vin), des olives, des oranges, des agaves et des serres. Peu après San Quitin, nous trouvons un camping au bout d’une rue défoncée en terre battue, ou pilée, ce qui revient au même.

Les routes du paradis.
Les routes du paradis.

Le camp offre du wifi, des douches propres et chaudes ainsi qu’une plaine de jeux désuète mais salvatrice pour les kets qui avaient besoin de faire du sport.

25 janvier 2015.
Aujourd’hui, on s’offre une bonne journée de route, comme on les aime. Attention, vous qui passerez certainement par ici un jour, ne loupez pas la Pemex d’El Rosario, c’est votre dernière chance de faire le plein avant 330 km (oui, oui, 330 km), si ce n’est auprès des quelques spéculateurs qui attendent ci et là avec des bidons sur le bord de la route, mais c’est aléatoire bien entendu.

Panne sèche ?
Panne sèche ?

Nous traversons ainsi le désert central, situé entre la côte pacifique et le Golfe de Californie. Pas grand-chose à signaler, si ce n’est la vallée des cierges, nommée ainsi en raison des cactus filiformes et candélabres qui agrémentent le paysage. Aussi, les vaches ont remplacé les chiens, dans la même rubrique, et pour le moment, la voirie n’est pas si déglinguée, je m’attendais à pire. Enfin, nous avons eu droit à deux contrôles militaires, mais en fait de contrôles, c’est juste un coup d’œil curieux dans le CC assorti de quelques questions. Nous avons également eu droit à la fumigation au passage entre les deux états de la Basse Californie, la Basse Californie (tout court) et la Basse Californie Sud : un poste de contrôle qui ne contrôle rien du tout mais qui demande l’aumône pour faire passer le motorhome sur des pulvérisateurs. Un peu plus loin, nous trouvons un camping miteux à Guerrero Negro où nous arrivons à la tombée de la nuit, après plus de 400 km.

26 janvier 2015.
Nous partons de bonne heure, surtout qu’avec le changement d’état, rappelons à ce sujet que le Mexique est une fédération d’états (los Estados Unidos de Mexico), nous avons perdu une heure. Nous traversons la péninsule d’Ouest en Est et arrivons dans le Golfe de Californie, qui offre la mer de Cortez. Nous arrivons à Santa Rosalia sous la drache, ce qui tombe à point nommé vu que le CC avait bien besoin d’une bonne douche. Le temps de manger, la pluie se dissipe, nous allons nous promener dans cette jolie cité avec des vraies rues et des vrais trottoirs. Un coup d’œil à l’église Santa Barbara, dont les plans furent dessinés par Gustave Eiffel, puis détour par la panaderia, enfin du bon pain.

Designed by Gustave.
Designed by Gustave.

 

World's famous.
World’s famous.

A peine de retour au CC, voilà qu’arrive un équipage français bien sympathique et on échange sur nos projets en mangeant une crème glacée. Ils n’ont pas de site Web, par contre, ils ont un hotspot wifi dans leur motorhome ! Sans le savoir, on les avait croisés d’une semaine au Grand Canyon et à Las Vegas, mais c’est la Basse Californie (Sud), qui telle un entonnoir, fait converger les familles et nous permet de se rencontrer. Nous les quittons et avançons jusqu’à Mulege où le camping pouilleux nous rebute, et trouvons un bivouac sur une belle plage un peu plus loin, près d’une paillote et de quelques autres campeurs.

Il était temps.
Il était temps.

27 janvier 2015.
Très bonne nuit, calme et fraîche. Nous voulons rallier La Paz aujourd’hui pour réserver le ferry vers Mazatlan, ce qui fait qu’on traversera deux fois la péninsule dans sa largeur, d’abord de Loreto à Ciudad Insurgentes puis jusqu’à La Paz. Les belles lignes droites de la route en bon état font défiler les kilomètres, jusqu’à ce que des travaux routiers changent la donne. Ici, ils ne font pas dans la dentelle, quand la route est en réparation, on doit se farcir sur une piste cahoteuse sur le côté. Pour arriver au terminal des ferries, il faut continuer au-delà de La Paz (Jon, c’est pour toi) jusqu’à Pichelingue et entrer dans l’enceinte grillagée pour trouver les guichets des compagnies TMC et Baja Ferries (GPS : 24,27732 ; -110,32783). Comme la majorité des familles, nous optons pour TMC qui permet de loger dans le véhicule, et réservons une place pour le prochain départ, le samedi 31 janvier 2015 (l’opératrice gribouille mon nom sur un bout de papier et c’est tout). Quelques minutes de route plus loin, nous arrivons sur le bivouac qui rassemble les camping-caristes au long cours, j’ai nommé la belle plage de Telocote, où nous sommes effectivement accueillis par Alain et Françoise, des retraités qui voyagent pour une durée indéterminée avec leur fourgon Sprinter 4×4 aménagé sur mesure.

On ne s'en lasse pas.
On ne s’en lasse pas.

Puis c’est au tour de Jean-Hervé et Sylvie qui voyagent avec leur fils Luka de 4 ans avec un camion MAN 4×4 aménagé par leurs soins. Je fais déjà moins le malin avec mon vieux CC Iveco! On se donne rendez-vous pour le lendemain matin et je relève le compteur, comme tous les soirs : nous avons abattu 503 kilomètres aujourd’hui, j’ai bien mérité une Bud (light).

28 janvier 2015.
Excellente nuit, pas de bruit si ce n’est celui des vagues qui déferlent doucement sur le sable. Je retrouve Jean-Hervé et on convient de lâcher les fauves. En quelques instants la plage s’anime.

Eux non plus.
Eux non plus.

Nous sommes rejoints par Valentine et son mari, des retraités qui voyagent avec une cellule montée sur un pick-up Ford. Encore du beau matériel! Nous échangeons sur nos voyages et apprécions les équipements de chacun, puis déjà les itinéraires divergent, mais nous restons encore sur la plage, après quatre journées sur la route et plus de 1.500 km parcourus, ça fait du bien de se poser.

29 janvier 2015.
Après deux nuits paisibles sur la belle plage de Telocote, nous devons nous remettre en route pour le ravitaillement. Je passe également au Home Depot, le Brico du coin, pour acheter de quoi faire un socle sur lequel caler notre jerrican de 20 litres d’eau potable, puis nous allons au camping Maranatha. Je me lance dans mon bricolage, avec quelques bouts de bois, des visses, et surtout un concept original, un design professionnel, un dimensionnement sécuritaire et même le décompte de fin de chantier (oui, oui, mon boulot me manque – bonjour les collègues), je coupe et j’assemble les éléments structurels qui vont soutenir les 20 kg d’eau (c’est la vie). Au Canada et aux États-Unis, on trouvait bien de l’eau potable partout (mais pas toujours avec un bon goût), alors on se contentait de petits bidons qu’on remplissait régulièrement. Au Mexique, l’usage du girafon est généralisé. Il s’agit du gros bidon des fontaines à eau. Comme il n’est pas facile à caser dans le CC, je sors notre jerrican que je coince derrière le siège passager et il suffira de le remplir comme si c’était un girafon (soit aux fontaines d’eau purifiée, soit en transvasant un bidon). Pendant ce temps-là, Catherine règle la question de l’assurance avec Sathers (résiliation de contrat Canada-USA-Baja pour un an remboursé au pro rata temporis et création d’un nouveau contrat Mexique de 4 semaines), puis elle travaille sur le site. Les kets font aussi leur part : après avoir démonté la plaine de jeux, ils font le chambard pendant la sieste, pour une fois qu’on en impose une, tout va bien.

30 janvier 2015.
Aujourd’hui c’est le jour des lessives. Pas de bol, il pleut et il n’y a pas de séchoir. On en est réduit à repasser le linge pour le sécher, et oui même moi je participe : j’adore ça, c’est mieux que de rédiger des PV de réunion. Les kets restent plus ou moins sagement cloîtrés dans le CC et nous travaillons aussi sur la mise à jour du site.

31 janvier 2015.
Ça a bien pété cette nuit. Nous ne nous sommes pas disputés, mais un terrible orage nous est tombé sur la tête. Les kets, eux, ont bien dormi et débordent d’énergie dès le matin. Nous continuons à (dé)pendre le linge au gré des averses, jusqu’à ce que la tenancière nous donne accès à son séchoir privatif. En trois quarts d’heure l’affaire est réglée et nous partons jusqu’à Pichelingue pour prendre le ferry. En arrivant à 13h, nous n’embarquerons qu’à 17h, pour enfin partir à 18h. Très fun, l’embarquement d’ailleurs, on me fait monter sur le ferry en marche arrière, d’abord la passerelle depuis le quai sur le rafiot, puis toute la rampe qui mène au pont supérieur où nous sommes logés. Il y a des WC, des douches et même des repas, mais il faut être courageux.

En marche arrière.
En marche arrière.

 

Easy game (pan comido).
Easy game (pan comido).

 

Larguez les amarres!
Larguez les amarres!

1er février 2015.
Il n’y aura pas eu la soirée du capitaine, ni de mutinerie à bord du Santa Marcela de la TMC, et nous aurons franchi le Tropique du Cancer pendant la nuit, bruyante à cause du moteur, étouffante à cause de la chaleur et même nauséabonde à cause des odeurs de vieux poissons.

Terre en vue!
Terre en vue!

Avec deux heures de retard, nous débarquons enfin à Mazatlan et roulons directement jusqu’à Tepic, à 300 km au sud-est. Dans l’ensemble, la route MEX15 est en bon état, sauf dans les villes et villages traversés. L’arrivée de nuit sous la pluie à Tepic est pénible, le chauffeur est fatigué de ces casses-vitesses et autres reductor de velocidad de mierda (ndlr : expression locale décemment intraduisible mais aisément compréhensible), les kets sont surexcités, c’est normal après une journée de route et la copilote est en mode défensif. Bref, on se contentera du Walmart comme bivouac.

2 février 2015.
Mis à part la drache, la nuit fut calme. Nous quittons le campement avec une heure de retard. Ben oui, on a encore perdu une heure de décalage horaire, plus que 7h d’écart avec Bruxelles, capitale de la Belgique et de l’Europe. Je précise car comme dirait le militaire au dernier poste de contrôle : « oui, je sais où c’est, il y a une frontière avec l’Allemagne et une frontière avec l’Espagne ». Donc, aujourd’hui, le programme c’est de rouler et de dépasser Guadalajara, deuxième ville du pays, qu’on a déjà visité avant (ndlr : par « avant », l’auteur fait référence à sa vie avant les kets).

Champs d'agaves.
Champs d’agaves.

Nous traversons Tequila et sa région dont les paysages de champs d’agaves sont remarquables, de même que la signalisation routière qui précise par exemple que les véhicules sans frein doivent suivre la ligne rouge. Cette ligne rouge que je n’ai pas suivie mène à un tas de gravats qui a manifestement déjà bien servi. Pour la première fois et sans aucun problème, je fais remplir une bombonne (ou bonbonne, comme vous voulez) de gaz à une station, mais j’ai oublié de demander si c’était bien du propane. On verra. Après trois heures de route et une centaine de casse-vitesse en tout genre, du tope au nid-de-poule en passant par les plots demi-lune, nous décidons de prendre l’autoroute à péage, censée être meilleure. Aie, aie, aie. On avait oublié que le guide signale qu’elles sont les plus coûteuses au monde, du point de vue de l’utilisateur évidemment. Et comme le CC passe en catégorie camion à cause des roues jumelées, on se sent plus léger à chaque kilomètre. Bivouac sur une aire d’autoroute, à côté de la Pemex.

3 février 2015.
La nuit fut ce qu’elle fut. La journée sera ce qu’elle sera. Nous quittons la MEX15D à péage pour reprendre la MEX15 libre qui se révèle être en très bon état, même les topes ont été restaurés c’est vraiment fantastique. Et ne pensez pas passer sur le bas-côté ou sur l’autre voie en sens opposé pour en éviter un, c’est prévu. Mine de rien, à une moyenne de 50 km/h, on profite des villages traversés tel Zamora (par zamour du goût) et des superbes paysages. La route monte dans une dense forêt à près de 3.000 m d’altitude. S’en suit une belle descente que nous interromprons à Ciudad Hidalgo pour la nuit.

4 février 2015.
Il a fait étonnamment froid, alors on reprend nos bonnes habitudes de rouler une heure avant de déjeuner. Alexis est démoniaque, il en a manifestement marre de passer ses journées sur la route, et pour être honnête, ses parents n’en pensent pas moins. C’était un parti pris de traverser rapidement les régions que nous avions visitées en 2006, afin de pouvoir consacrer plus de temps à la partie Sud du pays, et tenant compte qu’il nous reste peu de temps pour arriver au Costa Rica où nous avons rendez-vous fin mars. Aujourd’hui, c’est donc un dernier effort avant de reprendre le fil de nos visites, mais c’est aussi celui de trop. Alors que nous passons Toluca, au sud-ouest de Mexico cd, il nous faut plus d’une heure pour faire 15 malheureux kilomètres. C’est une suite sans fin de topes, parfois carrément des doubles. Même en les prenant au pas, camarade, ça secoue le CC mais les prunes ne tombent pas (heureusement d’ailleurs, vu le nombre de patrouilles de police).

C'est beau mais il faut redescendre ...
C’est beau mais il faut redescendre …

Puis, cerise sur le gâteau, ou lentille dans la tortilla histoire de faire local, la route monte jusqu’à 3.150 m d’altitude avant de redescendre de 1.300 m en montagne russe vers la ville de Cuernavaca, où des ateliers de mécanique opportunistes spécialisés en freins s’alignent à l’entrée de la ville. Je comprends vite pourquoi, voilà que les freins du CC ne répondent quasi plus. J’ai beau enfoncer la pédale, le camion freine à peine. Panique à bord, surtout qu’on a déjà dépassé la zone des opportunistes. On s’arrête péniblement devant un atelier de pneus, c’est mieux que rien. Le mécano comprend immédiatement que nous venons de faire la descente de Toluca, si señor, et m’explique que le liquide des freins a chauffé et qu’il suffit d’attendre qu’il refroidisse. Super. Je gare le CC sur le boulevard le plus bruyant de la cité, j’ouvre le capot, et je vois que le liquide de frein a fortement coulé. En attendant qu’il refroidisse, je vais chercher un flacon de liquide de frein, et j’apprends ainsi qu’il y a différents « dot » et qu’il me faut du « dot 4 », que je ne trouverai qu’après avoir visité plusieurs boutiques. Après deux heures d’arrêt, je relance la machine, les freins répondent mais pas bien, et il y a un bruit bizarre qui veut dire : fonce au garage, alors on va juste un peu plus loin à la Pemex où, à défaut du calme, on a la sécurité pour la nuit : avec tout ça, il est déjà 21h.

Edito : voilà que sur le coup de minuit, on toque à la porte. Ben zut alors, c’est le pompiste qui demande que je bouge le CC parce qu’il est dans le champ des caméras de surveillance. J’en profite pour lui expliquer notre souci de frein et il réveille le mécano qui dormait dans sa voiture à côté de nous. Le verdict est différent, selon lui je dois changer le booster (kéçaqwé?), mais il veut bien me le faire, et en attendant je ne dois pas conduire le CC, ou alors avec une grue et il veut bien en commander une. Il ne m’inspire pas trop confiance. Retour au lit et avec un wifi tombé du ciel, je googlelise tous azimuts sur les forums genre « Iveco pour les clettes », et j’envoie une balise de détresse à mon cher Jérôme de chez Lambrecht Motorhomes où nous avions trouvé le CC.

5 février 2015.
Piètre nuit, les freins répondent mollement, mais on décide d’avancer vers Tepotzlan où on arrive sur le frein moteur avec les warnings. La police me renseigne l’atelier de Don Pepe, qui a la bonne réaction : il purge le circuit de freinage plaquette par plaquette, comme Jérôme l’avait préconisé.

Du grand Mendez !
Du grand Mendez !

 

Gracias Don Pepe !
Gracias Don Pepe !

En même temps, il contrôle la pression des pneus et remplace les deux roues avant, l’une enfoncée (si, c’est possible) et l’autre usée, elles deviendront les roues de secours en attendant de retrouver la bonne taille. Le tout a été réglé en deux heures, c’était du grand Mendez, pour sûr.
Par acquis de conscience, je ferai contrôler tout ça au garage Iveco de San José au Costa Rica.
Pour l’heure, petit tour dans la jolie ville de Tepoztlan où, paraît-il, serait né le terrible Quetzalcóalt (c’est comme vous le savez, le dieu-serpent à plumes des Aztèques). Ensuite, on s’offre une bonne autoroute à péage, rapide, en bon état et surtout sans tope jusqu’à Cholula, en périphérie de Puebla. En cherchant le camping, la copilote me dit de suivre le camion rouge là devant et nous envoie dans un énorme chantier routier (ça me manquait : salut les gars), mais bien entendu les ouvriers nous ont regardé passer comme si c’était tout à fait l’usage courant. Catherine, toujours de bonne foi, rejettera la faute sur la pauvre Frida (l’autoritaire voix féminine du GPS). Enfin, nous atteignons le petit trailer park « Las Americas » qui a dû connaître son heure de gloire il y a longtemps, mais il n’en faut pas beaucoup plus pour contenter les enfants qui courent sur le gazon desséché et continuent de détruire leur pick-up (à ce stade-ci, le duct tape ne peut plus rien).

R.I.P.
R.I.P.

6 février 2015.
Quelle bonne nuit, pas de camion, pas de train, pas de coq. Juste quelques zinnekes qui se prennent pour des chiens de garde. Aujourd’hui, nous donnons congé au CC qui reste au camping sous la surveillance d’un vrai baraki, fort sympathique au demeurant, et prenons le bus local pour rallier le centre historique de Puebla.

Transports publics.
Transports publics.

Pendant le trajet, je me félicite d’avoir laissé le motorhome au camping, au vu du trafic, de l’état des routes et des facilités de stationnement pour casa rodante (y’a pas). Le centre historique, labellisé Unesco, regorge de bâtiments coloniaux, assez hispanisants, nonobstant la présence française au milieu du XIXème siècle, et même allemande, plus récente et dans un autre registre : l’usine des voitures du peuple, les VW (on the way). Nous voyons quelques touristes, les premiers d’ailleurs depuis que nous avons quitté la Basse Californie. Avant d’arriver au Zócalo, la magnifique grand-place sertie d’arcades, nous visitons le Templo Santo Domingo, célèbre pour sa chapelle du rosaire où le baroque est poussé à l’extrême et présente pléthore d’anges et de chérubins dorés, parmi lesquels les miens, adorés, font bonne figure.

Nos chérubins adorés.
Nos chérubins adorés.

 

Catedral.
Catedral.

 

Run Forrest !
Run Forrest !

A midi, nous mangeons à l’ombre de l’imposante cathédrale dont la construction s’étala sur plus d’un siècle (bonjour les pénalités de retard). Les quelques rues autour du zocalo, sans doutes classées, sont fort calmes et proprettes, mais l’animation réapparaît dès qu’on s’en éloigne avec profusion d’étals sur les trottoirs et des courses de bus et minibus auxquelles nous prenons part pour rentrer au camping.

7 février 2015.
Ce matin, c’est le centre historique de Cholula qui retiendra notre attention. La ville fut développée par les civilisations précolombiennes qui y construisirent une pyramide aussi grande que celle de Kheops, en fait plusieurs édifices superposés, le premier fut construit 1.750 ans avant Johnny Hallyday (mais oui, bouleversons les références établies) et le dernier 500 ans plus tard.

Kheops.
Kheops.

Quand les conquistadores de Cortez arrivèrent sur place, le site était déjà envahi par la végétation et les espagnols construisirent une église en son sommet, d’où la vue panoramique sur les villes de Puebla et de Cholula est splendide, avec les volcans La Malinche et Popocatépetl en fond d’écran.

La vista.
La vista.

 

(la croix cache le volcan)
(la croix cache le volcan)

Nous descendons ensuite vers le beau zócalo ombragé entouré d’édifices coloniaux, tel le Covento San Gabriel puis retournons au camping et reprenons la route à péage qui nous mène rapidement à quelques dizaines kilomètres du site de Monte Alban. Ce n’est pas donné, mais au moins, pas un tope en vue, alors que d’autres voyageurs en avaient dénombré plusieurs centaines sur la route « libre », pour la même destination.

8 février 2015.
Nous arrivons de bonne heure sur le site précolombien de Monte Alban, mais les touristes sont déjà à pieds d’œuvre. En plus, c’est dimanche et donc jour d’entrée gratuite, pour les mexicains uniquement, qui viennent en nombre. Fondé par les Olmèques, c’est avec les Zapotèques que le site connu son essor avant d’être abandonné et repris par les Mixtèques. Astrologie, rites ancestraux, cérémonies, sacrifices, c’est certain, ils savaient s’amuser à l’époque.

Dr. Alban.
Dr. Alban.

 

Danzantes.
Danzantes.

 

Monte Alban.
Monte Alban.

Alexis est admiratif devant les orthostates (allez, à vos dicos, je vais relever le niveau) sur l’éperon de l’édifice J alors que Valentin s’interroge sur les représentations des Danzantes des soubassements de l’édifice L. Nous reprenons la route et contournons le centre-ville d’Oaxaca pour arriver à Santa Maria Del Tule où nous avons réservé à l’Overland Oasis, fort heureusement vu le peu d’espace disponible. Je sors la piscine gonflable et les kets se rafraichissent.

T'as pieds, toi ?
T’as pieds, toi ?

 

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