De Moab à Flagstaff (du 30.11.2014 au 8.12.2014 – 1.103 km – 15.206 km cumulés)

1er décembre 2014.
Comme la plupart des nuits à l’hôtel, celle-ci ne fut pas fameuse. Le plus petit prend le plus de place.

Même en dormant !
Même en dormant !

C’est sur une simple question de mon Grand-Père lors d’une conversation sur Skype : « Avez-vous vu Delicate Arche », que nous décidons de changer nos plans pour la journée. Non, nous n’avions pas fait la randonnée de 5 km aller-retour pour voir l’arche la plus célèbre du Arches NP. Bon, plus le choix si Bonpapa le dit, on y retourne. Vu qu’on avait acheté le pass annuel des parcs nationaux, on peut même y aller autant de fois qu’on veut, et il n’y a que quelques dizaines de kilomètres à rouler.

Merci Bonpapa!
Merci Bonpapa!

Zou, aussitôt dit aussitôt fait. Pendant qu’Alexis raconte une histoire rocambolesque à propos d’un trou dans le bateau du Capitaine Crochet, on se relaie pour traîner Valentin à bout de bras, le sentier raide n’est pas évident pour ses petites jambes, mais la récompense est au bout de l’effort : l’arche se dresse délicatement (forcément) dans un vaste cirque de roche Navajo sous la luminosité parfaite de cette fin d’après-midi d’arrière-saison.

Magnifique.
Magnifique.

 

La fine équipe.
La fine équipe.

 

Presque du HD.
Presque du HD.

De retour au CC, forte de ses premières expériences, notre boulangère met le paquet, fini de chipoter avec les petites miches de 500 grammes, on passe à la vitesse supérieure avec un énorme pain de plus d’un kilogramme. Pour profiter de la chaleur du four, nous terminons la cuisson avant d’aller au lit, et j’ai du mal à m’endormir avec cette bonne odeur de pain frais qui excite mes papilles.

2 décembre 2014.
Journée de route pour rallier Cortez, à quelques encablures du Mesa Verde NP. C’est ainsi que nous quittons l’Utah pour le Colorado et que nous assistons en direct live à un terrible accident de circulation : alors qu’un gros SUV nous double, un cerf surgi de nulle part traverse la route et se prend le gros véhicule de plein fouet. Le résultat n’est pas beau à voir, tant pour la pauvre bête que pour la voiture. Ça calme tout le monde dans le CC et ça nous donne l’occasion d’expliquer aux garçons pourquoi ils ne doivent pas faire les marioles quand Papa conduit : sur la route, le danger est partout. Les larmes aux yeux, Alexis conclut qu’il faut apporter des fleurs à Madame la biche, puis s’en va casser la roue avant gauche du pick-up de Valentin à la plaine de jeux de Cortez, pick-up qui d’ailleurs ne tient plus en une pièce que grâce à un gros ruban de duct tape (toujours lui).

3 décembre 2014.
Le ciel est couvert ce matin et il a même plu cette nuit, ce qui est rare dans le coin. Nous arrivons au Mesa Verde NP à l’ouverture du visitor center, qui nous renseigne sur l’état des routes et des horaires des visites guidées, seul moyen d’arriver au plus près des constructions des habitations construites par les indiens pueblos sédentarisés vers 1200 après Jules César.

Dernier projet Thomas et Piron.
Dernier projet Thomas et Piron.

Pour la visite, il faut traverser tout le parc qui est assez petit : seulement 30 km de route de montagne et de cols à 2.500 m d’altitude d’où les vues sur les plaines du Colorado sont magnifiques, même sous les nuages. Nous arrivons pile à l’heure pour la visite guidée en compagnie d’une ranger.

Studieux, n'est-ce pas ?
Studieux, n’est-ce pas ?

Les indiens pueblos, ont eu l’astucieuse idée de construire des villages dans les cavités des parois de roche sédimentaire, leur procurant un peu de fraîcheur en été et un abri naturel pour les hivers rigoureux. Ils adaptèrent même leur maison-cave avec une cheminée de ventilation et un réflecteur pour dévier l’air froid. Je ne connais pas la suite parce que j’ai dû ramener nos deux énergumènes au musée pour que Catherine puisse terminer la visite tranquillement. Pas rancunière, la ranger ne les empêchera pas d’accrocher un sixième badge à leur polar, où il n’y aura bientôt plus de place.

HLM.
HLM.

Nous trouvons un bivouac paisible à côté d’une plaine de jeux à Mancos, ça faisait longtemps.

4 décembre 2014.
Nuit pluvieuse, de même que la journée qui suit. Nous passons rapidement Durango et quittons déjà le Colorado pour le Nouveau Mexique où nous visitons l’Aztec Ruins NM.

Kiva.
Kiva.

Comme son nom ne l’indique pas, le National Monument n’a rien à voir avec les Aztèques, les explorateurs anglo-saxons se sont royalement fourvoyés, mais avec les pueblos, comme vous vous en doutiez, qui construisirent ici un village articulé autour du kiva, sorte de cave semi-enterrée à vocation cérémoniale il y a plus de 900 ans. Nous traversons de nombreuses pièces en ruines puis nous poursuivons jusqu’à Farmington, petite bourgade articulée autour de Main Street.

5 décembre 2014.
J’avais repéré l’Aquatic Center qui accueille les familles dans sa partie aqua ludique le vendredi matin, pour le plus grand plaisir des deux garçons. On ne s’y bouscule pas : le maître-nageur n’a que nous à surveiller. Propres et frais, nous quittons déjà le Nouveau Mexique et arrivons en Arizona dans la pénombre, en espérant qu’aucun daim ne tentera une opération kamikaze. Avant d’aller au lit, les enfants préparent leurs pantoufles, deux biscuits et une carotte avec plein d’espoir dans les yeux, et l’inquiétude de savoir si St-Nicolas va réussir à passer par le lanterneau.

6 décembre 2014.
Pour une fois, nos deux castards ne sont pas intéressés à monter dans la capucine : mais oui, c’est incroyable, Il est venu et on n’a rien vu, rien entendu.

Venez, venez, St-Nicolas...
Venez, venez, St-Nicolas…

Super, les voilà occupés pour un moment, Catherine trouve de quoi faire du pain perdu et je pars en reconnaissance : nous avons dormi à côté du Canyon de Chelly situé en territoire Navajo (j’écoute).

Mortel.
Mortel.

C’est ici que des conquistadores précipitèrent plusieurs dizaines d’indien dans le vide. Un peu plus loin, nous descendons au fond du canyon en suivant le White House trail qui se fraye un chemin le long de la paroi, jusqu’aux ruines d’une habitation dépourvue de tout confort : ni ordinateur, ni balançoire.

Au pied du mur.
Au pied du mur.

Les enfants s’intéressent particulièrement à la maison traditionnelle des indiens Navajos, le Hogan, puis s’en vont accrocher encore un badge.

(Hulk) Hogan
(Hulk) Hogan

Nous arrivons ensuite au Hubbell Trading Post National Historic Site, un comptoir de vente et de troc qui contribua beaucoup au développement de l’artisanat indien moderne.

Bien avant Walmart.
Bien avant Walmart.

Une heure de route plus tard et pris de court, nous passons la nuit devant le panneau « no overnight parking » à côté des grilles closes du Petrified Forest NP.

7 décembre 2014.
Nous n’avons pas été délogés, mais notre transgression de la loi nous vaudra une petite remontrance du ranger : c’est promis on ne le fera plus (du moins pas à cet endroit-là). Notre châtiment est terrible : une monstre purée de pois gâche la vue sur la partie nord du parc « desierto pintado », ce qui est franchement contrariant.

Dans le brouillard.
Dans le brouillard.

Ce n’est que dans la partie sud du parc, après avoir franchi le tracé de l’historique route 66 qui dès 1926 traversait le parc jusqu’à sa mise hors service en 1958 (oui, oui, l’année de l’Expo), que nous voyons effectivement des pierres qui étaient des arbres il y a plus de 225 millions d’années.

Avant, c'était la forêt.
Avant, c’était la forêt.

Comment c’est-il possible? Des milliers d’arbres furent renversés et charriés par le court d’eau, aujourd’hui à sec, puis recouvert de sédiments, les protégeant ainsi des bactéries et de l’oxygène, bloquant le processus de putréfaction, mais permettant celui de pétrification : lentement, la silice a pénétré le bois et provoqué une réaction chimique produisant du quartz, transformant la matière organique des arbres en pierre. Puis, c’est la musique habituelle : l’eau, le vent, le gel/dégel, l’érosion : les trésors naturels sont mis à jour et continuent encore à l’être.

Campfire ?
Campfire ?

La traversée du parc terminée, nous empruntons un morceau de la mythique road 66, the Mother road, avant d’être rattrapés par l’interstate 40 et son convoi de semi-remorques qui me dépassent dédaigneusement, tels les seigneurs du macadam.

8 décembre 2014.
Au visitor center du Walnut Canyon NP, le ranger à la toison grise tente de me rassurer : en 20 ans de carrière ici, il n’avait jamais vu deux jours de « deep fog » d’affillées. Avec ça, on est bien. Heureusement, le temps de visiter le musée et de remplir les carnets de junior ranger, le brouillard se lève et nous dévoile la vue sur le profond canyon verdoyant où de nombreux indiens puebloans vivaient perclus dans les montagnes.

Walnut Canyon.
Walnut Canyon.

Nous arrivons ensuite à Flagstaff, porte d’accès au Grand Canyon NP et prenons un motel sur la route 66, reproduisant le schéma classique : laundry, internet et bains.

Avant le déluge.
Avant le déluge.

 

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